La Bourse de New York a replongé jeudi au plus bas depuis avril 1997, minée par l'absence de nouvelles mesures de relance de l'économie chinoise et la chute sans fin des valeurs financières: le Dow Jones a perdu 4,09% et le Nasdaq 4,00%.
"Je ne vois pas une seule bonne nouvelle qui aurait pu stimuler le marché", a soupiré Art Hogan, analyste à la banque Jefferies.
Le Dow Jones Industrial Average a lâché 281,40 points à 6.594,44 points, son plus bas niveau de clôture depuis avril 1997.
L'indice à dominante technologique Nasdaq, qui avait tenu jusqu'à présent au dessus de son plancher de novembre, a abandonné 54,15 points à 1.299,59 points, un niveau plus vu en clôture depuis mars 2003.
L'indice élargi Standard & Poor's 500 a quant à lui cédé 4,25% (30,32 points) à 682,55 points, au plus bas depuis septembre 1996, dans un volume d'échanges étoffé.
Après un sursaut mercredi, la première place financière mondiale a renoué avec la baisse: "les investisseurs liquident leurs actions et se réfugient dans les bons du Trésor", a observé Art Hogan.
Le marché obligataire est nettement monté. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans reculé à 2,819% contre 3,011% mercredi soir et celui à 30 ans à 3,505% contre 3,698% la veille.
Alors que le marché spéculait sur des annonces concrètes lors de l'ouverture de la session annuelle du Parlement chinois, le Premier ministre Wen Jiabao s'est contenté de rassurer sur la capacité du pays à traverser la crise.
Les valeurs industrielles et énergétiques, qui pèsent lourd dans les indices, ont pâti de cette déception, comme le pétrolier ExxonMobil (-5,27% à 62,22 dollars).
Le fabricant d'engins de chantier Caterpillar a cédé 7,67% à 23,49 dollars, le producteur d'aluminium Alcoa 15,71% à 5,26 dollars et le chimiste DuPont 6,81% à 16,97 dollars.
Les valeurs financières ont de nouveau chuté, l'ex-numéro un mondial de la finance Citigroup (-9,73% à 1,02 dollar) passant brièvement sous un dollar pour la première fois de son histoire. En décembre 2006 le titre s'échangeait encore à plus de 55 dollars.
L'agence d'évaluation financière Moody's a prévenu qu'elle pourrait abaisser les notes de JPMorgan Chase (-13,99% à 16,60 dollars), Wells Fargo (-15,94% à 8,12), et Bank of America (-11,70% à 3,17 dollars).
L'émetteur de cartes de crédits American Express a chuté de 11,78% à 10,33 dollars et l'assureur MetLife 17,80% à 12,10 dollars.
Le premier constructeur automobile américain, General Motors (-15,45% à 1,86 dollar), a en outre évoqué la possibilité d'une liquidation faute de nouvelle aide des pouvoirs publics.
Le marché restait en outre nerveux à la veille de la publication des statistiques mensuelles de l'emploi aux Etats-Unis, que le marché prévoit "mauvaises à un point choquant", selon M. Hogan.
"Les investisseurs ne veulent pas se risquer à acheter des actions vu le niveau d'incertitude", a jugé Hugh Johnson. "Chaque jour apporte son lot de nouvelles, qui ne sont pas bonnes, avec toujours plus de dépréciations dans le secteur financier".
Seules valeurs en hausse dans le Dow Jones, le distributeur Wal-Mart s'est adjugé 2,60% à 49,75 dollars, grâce à la forte progression de ses ventes en février aux Etats-Unis, et le laboratoire Pfizer 1,44% à 12,68 dollars.
Le groupe de logistique UPS a perdu 1,79% à 39,97 dollars. Moody's a abaissé sa note d'un cran en raison de la baisse des volumes de livraison. Son concurrent Fedex a chuté de 8,41% à 39,00 dollars.
Massacré ces derniers jours, le conglomérat General Electric (-0,45% à 6,66 dollars) s'est stabilisé après avoir tenté de rassurer sur la solidité de sa position financière.