Les marchés européens ont fini en forte baisse, ébranlés par le nouvel accès de faiblesse du secteur financier. La banque britannique Royal Bank of Scotland a annoncé que sa perte pourrait atteindre jusqu'à 28 milliards de livres en 2008. Les investisseurs se sont réfugiés sur les valeurs défensives des télécoms, de la santé… La volatilité constatée s'explique par les faibles volumes échangés. Les investisseurs américains n'étaient pas présents en raison du jour férié dédié à Martin Luther King. Le CAC 40 a cédé 0,90% à 2989,69 points. Le FTSE Eurofirst 80 a perdu 1,30% à 2849,95 points.
A Londres, Royal Bank of Scotland s'est effondré de 65,42% à 12 pence après avoir déclaré que ses pertes pourraient atteindre jusqu'à 28 milliards de livres sterling (31 milliards d'euros environ) avec la dégradation de la crise du crédit. Une perte d'une telle ampleur n'a encore jamais été connue outre-Manche. Si ces chiffres étaient confirmés, ils dépasseraient largement la perte de 22 milliards de livres annoncée par Vodafone en 2006. Le plus grand établissement contrôlé par le gouvernement britannique a dit tabler sur une perte attribuable comprise entre 7 et 8 milliards de livres avant dépréciations exceptionnelles.
A la Bourse de Paris, Maroc Telecom a gagné 1,58 à 13,46 euros après avoir dévoilé une croissance de son activité annuelle inférieure à ses prévisions et indiqué que ses résultats opérationnels seraient, eux, supérieurs aux objectifs. Le marché de la téléphonie mobile au Maroc aurait ralenti dans des proportions plus importantes que prévu, avance un analyste parisien pour expliquer le chiffre d'affaires décevant de la filiale à 53% de Vivendi. Depuis le début de l'année, l'action perd environ 4% après avoir été l'une des rares valeurs du marché SRD à afficher une performance positive en 2008 : +4,9%.
En revanche, BNP Paribas (- 5,71% à 27,35 euros) a été sous pression. Michel Pébereau, le président de la banque, ainsi que Baudouin Prot, le directeur général, ont informé le conseil d'administration de la banque de leur volonté de renoncer à leurs bonus pour l'exercice 2008, selon les informations du Figaro. Cette décision a été confirmée dimanche soir par un porte-parole de la banque. Une fois de plus, les marchés s'interrogent sur l'éventualité d'une augmentation de capital de la banque.
Les chiffres macroéconomiques
La Commission européenne prévoit une récession importante en 2009. Cette année, le PIB de la zone Euro devrait reculer de 1,9% et celui de la France de 1,8%. « Les mesures budgétaires discrétionnaires annoncées en août 2008 limiteront la contraction de la croissance du PIB d'environ 3/4 de point de pourcentage cette année », a précisé Bruxelles. Une reprise molle est attendue pour 2010, avec une croissance anticipée de 0,4% pour la zone euro et la France.
A la clôture, l'euro cote 1,3150 face au billet vert.
EN SAVOIR PLUS
LEXIQUE
Climat des affaires dans l'industrie (Indice de la Banque de France) : cet indicateur mensuel résume le jugement des industriels français sur la situation conjoncturelle. Plus il est élevé et plus l'appréciation des industriels est favorable. Sa moyenne de long terme est de 100.
L'institution financière interroge les industriels sur l'évolution de la production par rapport au mois précédent, la production pour les prochains mois, l'évolution des commandes par rapport au mois précédent, le niveau du carnet de commandes, le niveau des stocks de produits finis, le taux d'utilisation des capacités de production et l'évolution des effectifs.
Inflation : mesurée par la hausse des prix à la consommation, elle correspond à une baisse progressive de la valeur de la monnaie. D'une manière générale, une forte inflation profite au débiteur, tandis que le créditeur en pâtit.
Pour jauger l'inflation, les banques centrales s'intéressent à l'indice des prix à la consommation sous-jacent, c'est-à-dire hors les éléments volatils que sont l'énergie et l'alimentation. On parle alors d'indice des prix à la consommation «core». La Fed privilégie l'indice PCE «core» qui mesure l'évolution des prix liés à la consommation des ménages.
Le niveau d'inflation considéré comme acceptable par la BCE est de 2 % l'an. Aux Etats-Unis, la «zone de confort» de la Fed est de 1% à 2%.
Balance commerciale : elle mesure la différence en valeur entre les biens et services exportés par un pays et ceux importés. La balance commerciale est excédentaire si la valeur des exportations est supérieure aux importations et déficitaire dans le cas contraire.
Les économistes s'intéressent aux évolutions des exportations et des importations en volume afin de déterminer l'impact du commerce extérieur sur la croissance. Si les exportations ont progressé plus rapidement que les importations, l'impact est positif. Il est négatif dans le cas opposé.