Après une courte période d'accalmie pendant les fêtes, la Bourse de Paris, à nouveau sur le qui-vive, a renoué avec la volatilité cette semaine, craignant une nouvelle dégradation de la conjoncture économique.
Sur la semaine écoulée, l'indice CAC 40 a perdu 1,50% pour terminer à 3.299,50 points. Depuis le 1er janvier, il est toutefois en hausse, prenant 2,53%.
En 2008, l'indice vedette a chuté de 42,68%, ce qui en fait la pire année de son existence.
Le marché parisien a entamé la semaine sur une bonne dynamique avant d'enchaîner trois séances de baisse, les inquiétudes sur la santé de l'économie américaine et européenne revenant au premier plan.
"Les marchés se cherchent après avoir beaucoup vendu l'an dernier. Les investisseurs n'ont envie ni de vendre ni d'acheter", note Arnaud Riverain, responsable de la recherche chez Arkéon Finance.
Il rappelle que les volumes d'échanges, autour de 2 milliards d'euros quotidiens, sont très "restreints".
Les mauvaises nouvelles se sont succédé à la fois sur le front des entreprises et sur celui des statistiques macroéconomiques.
Le géant américain de la distribution Wal-Mart a annoncé un abaissement de ses prévisions de résultats pour le quatrième trimestre de 2008-2009 (novembre-janvier).
Côté indicateur, l'économie américaine a détruit 524.000 emplois en décembre, faisant monter le taux de chômage aux Etats-Unis à 7,2%, son plus haut niveau depuis janvier 1993, selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés vendredi par le département du Travail.
Par ailleurs, le marché a eu la confirmation que l'économie de la zone euro s'est bien contractée de 0,2% au troisième trimestre comparé au deuxième, entrant en récession pour la première fois de son histoire.
Dans ce contexte, l'arrivée au pouvoir du président élu Barack Obama, le 20 janvier, et la mise en place de son plan de relance sont très attendus par les investisseurs.
Jeudi, il a notamment promis une réduction d'impôts de 1.000 dollars à 95% des ménages américains dans le cadre de son plan de relance de l'économie.
"La crise actuelle est plus grave que les autres et des remèdes beaucoup plus forts sont mis en place", remarque Jean-Paul Pierret, directeur de la stratégie chez Dexia.
Le marché anticipe déjà en outre de très mauvais résultats d'entreprises pour 2008, dont les publications débuteront la semaine prochaine.
"Les investisseurs seront (...) essentiellement sensibles à leur capacité à ajuster rapidement leurs effectifs et leurs investissement au recul de leurs carnets de commandes", expliquent les analystes du courtier Aurel.
D'ici là, "la volatilité demeure", signe que le marché manque cruellement de visibilité, alors que la plupart des opérateurs sont d'accord pour dire que le niveau de valorisation des cours est très bas.
"Pour déclencher une nouvelle vague d'achat, il faudra une meilleure visibilité macroéconomique", selon M. Riverain.
Dans les prochaines semaines, le CAC 40 "risque de rester dans le tunnel des 3.000-3.500 points", prédit M. Pierret pour qui "une reprise boursière est possible au printemps".
"On est quand même sur une mer encore un peu agitée mais ce n'est plus la tempête", souligne-t-il.
La semaine prochaine, le marché surveillera en Europe avec attention la décision de la Banque centrale européenne (BCE) sur son taux d'intérêt, actuellement fixé à 2,50%, ainsi que la production industrielle de novembre et la première estimation du PIB 2008 en Allemagne.
Aux Etats-Unis, Alcoa, Wells Fargo et Intel publieront leur résultat annuel tandis que seront notamment dévoilées les ventes de détails de décembre.