La Banque centrale de Russie (BCR) a laissé pour la troisième fois cette semaine le rouble se dévaluer, tandis qu'un haut responsable gouvernemental a tenté de rassurer en affirmant qu'aucune mauvaise "surprise" n'était à attendre en matière de taux de changes.
La BCR a indiqué jeudi avoir élargi la marge de fluctuation dans laquelle elle fait évoluer le rouble par rapport au panier dollar-euro qui lui sert de référence, ce qui correspond de fait à une nouvelle dévaluation.
"Une source à la Banque de Russie confirme l'élargissement du corridor technique", a appris l'AFP auprès de la BCR jeudi. Les valeurs du corridor utilisé par la BCR ne sont jamais communiquées officiellement.
Les agences de presse russes avaient auparavant rapporté que le panier (composé à 55% de dollars et 45% d'euros) a atteint jeudi matin la valeur de 33,07 roubles, soit 42 kopecks de plus que la veille.
Plus tard dans la journée, le rouble a atteint un plus bas historique face à l'euro, franchissant la barre de 40 roubles pour un euro à 40,2675 roubles, selon les données de la Bourse russe Micex.
La dévaluation opérée jeudi est la huitième de ce type depuis le 11 novembre, et les analystes relèvent que leur rythme a tendance à s'accélérer et les opérations à gagner en ampleur. Cette semaine, le rouble a déjà été dévalué lundi et mercredi.
Le premier vice-Premier ministre russe Igor Chouvalov, lors d'un point presse jeudi, s'est toutefois voulu rassurant, alors que nombre de Russes s'inquiètent de la glissade du rouble, jusqu'à récemment encore une monnaie forte.
"Il n'y a pas de raison de s'attendre à des surprises. Il n'y aura pas de grand changement dans les taux de change. La Banque centrale s'en tient à la politique qu'elle a annoncée", a-t-il déclaré.
"Notre tâche est d'assurer que la monnaie nationale soit stable. La Banque centrale fait tout ce qu'elle peut pour maintenir la stabilité", a-t-il poursuivi. "Personne ne prévoit que vous allez vous réveiller un jour et découvrir un taux complètement différent", a-t-il insisté.
Chris Weafer, analyste de la banque russe Uralsib, remarque dans une note jeudi matin que la BCR, en multipliant les dévaluations ces derniers jours, réagit à l'affaiblissement du dollar consécutif à la baisse de taux d'intérêt de la Fed mardi.
"Un dollar plus faible et un euro plus fort est la pire combinaison possible pour la Russie car ses recettes à l'exportation sont essentiellement en dollars alors que plus de la moitié de ses importations s'opèrent en euros", souligne-t-il.
"Etant donné que le dollar continue de s'affaiblir, la BCR pourrait élargir le corridor encore plusieurs fois d'ici la fin de l'année, surtout si les cours du pétrole baissent", souligne-t-il.
Les autorités russes se sont engagées à de nombreuses reprises à ce que le rouble ne subisse pas de mouvement brusque. Elles interviennent régulièrement sur les marchés des changes pour maîtriser au mieux la baisse de la monnaie afin qu'elle soit graduée.
La BCR a indiqué jeudi que les réserves internationales de la Russie ont reculé la semaine dernière de 1,6 milliard de dollars, s'établissant à 435,4 milliards de dollars au 12 décembre. Les analystes attendaient un recul beaucoup plus important, supposant que la BCR a continué à lourdement intervenir sur les marchés des changes en soutien du rouble.