
La Bourse de Paris a terminé lundi en baisse, le CAC 40 lâchant 0,87%, à l'issue d'une séance peu animée après l'annonce de la fraude du gérant de fonds américain Bernard Madoff, qui a touché jusqu'aux banques et assurances françaises.
L'indice vedette a cédé 27,94 points à 3.185,66 points dans un volume d'échanges extrêmement réduit de 2,718 milliards d'euros. Vendredi, il avait perdu 2,80%, même si sur la semaine, il a dégagé une hausse de 7,55%.
Londres a fini sur une note stable (-0,07%) tandis que Francfort a perdu 0,18% et l'Eurostoxx 50 0,47%.
Après avoir ouvert en hausse, le marché parisien est reparti dans le rouge dans l'après-midi, peu rassuré par l'hésitation de Wall Street dans les premiers échanges.
"L'affaire Madoff en a refroidi plus d'un. Personne n'a vraiment envie de prendre des risques", a expliqué à l'AFP Laurent Geronimi, gérant chez SwissLife Gestion Privée.
Les banques et assurances françaises ont donné des estimations de ce qu'elles pourraient avoir perdu dans cette fraude mais le marché "attend d'avoir les chiffres précis", a-t-il ajouté.
Le célèbre courtier de Wall Street Bernard Madoff est accusé d'avoir monté une gigantesque fraude pyramidale de 50 milliards de dollars, la plus grande de l'histoire de Wall Street, aux dépens de ses clients et bon nombre de grandes institutions financières de la planète.
En France, Natixis et BNP Paribas sont pour l'heure les plus touchées, avec respectivement 450 et 350 millions de pertes potentielles. Crédit Agricole et Société Générale ont, elles, évalué leurs pertes "à moins de 10 millions d'euros" et l'assureur Axa estime son exposition nette "bien inférieure" à 100 millions d'euros.
BNP Paribas a plongé de 10,05% à 39,40 euros, Natixis de 3,38% à 1,43 euros. Crédit Agricole a elle perdu 4,76% à 8,46 euros, Société Générale 2,40% à 35,38 euros et Axa 1,40% à 15,09 euros.
Mais l'inertie du marché était aussi liée à la réunion de la Réserve fédérale américaine, qui devrait procéder à une nouvelle baisse des taux mardi, et à l'approche de la trêve des confiseurs, selon M. Geronimi.
"On s'attend à un taux ramené à 0,50%. Le marché voit même une baisse supérieure, un taux à zéro est envisageable", a encore estimé le gérant.
Le taux directeur de la Fed, qui a été baissé pas moins de neuf fois depuis l'été 2007, est actuellement fixé à 1,0%.
Les valeurs liées au pétrole se sont bien portées, les marchés se préparant à une baisse substantielle de la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) lors de sa réunion mercredi à Oran, en Algérie.
Technip a pris 7,23% à 22,68 euros, CGG Veritas 5,51% à 11,69 euros, Bourbon 2,79% à 19,90 euros et Total 1,07% à 40,22 euros.
Nexity a grimpé de 10,69% à 10,09 euros. Le promoteur immobilier, confronté à l'effondrement du marché de la construction, envisage de vendre sa participation de 23,4% dans le Crédit Foncier au groupe Caisse d'Epargne.
Arkema a progressé de 2,05% à 13,20 euros. Le groupe de chimie français, qui anticipe une chute de son chiffre d'affaires de 15% au quatrième trimestre, va réduire sa production sur la moitié de ses 80 sites dans le monde.
Peugeot (-0,87% à 12,56 euros) et Renault (-2,48% à 17,30 euros) ont baissé alors que s'est tenu lundi une réunion à l'Elysée avec les constructeurs automobiles et leurs sous-traitants. Le secrétaire d'Etat à l'Industie Luc Chatel a été chargé par Nicolas Sarkozy d'une mission de réflexion pour élaborer des solutions à la crise du secteur automobile. Celle-ci doit rendre ses conclusions à la fin du mois de janvier.
"Ces industries sont tellement créatrices d'emplois, qu'on voit mal comment les gouvernements pourraient les laisser tomber", a commenté M. Geronimi, ajoutant que les investisseurs étaient désormais très attentifs à tout signal d'éventuels nouveaux plans de relance.