Ayant à peu près résisté à un déluge de nouvelles économiques épouvantables, la Bourse de New York peut espérer consolider ses positions la semaine prochaine, a priori plus calme, sans être toutefois à l'abri d'une nouvelle mauvaise surprise.
"Un marché effroyablement volatile et difficile" a fait repartir les indices à la baisse lors de la première semaine de décembre, constate Gina Martin, stratégiste chez Wachovia.
Après avoir rebondi la semaine précédente de près de 10%, le Dow Jones est reparti à la baisse, de 2,19%, pour tomber vendredi à 8.635,42 points.
Le Nasdaq, à dominante technologique, a reculé de 1,71%, à 1.509,31 points, et l'indice élargi Standard & Poor's 500 de 2,25%, à 876,07 points.
Entamée sur l'annonce officielle de l'entrée en récession des Etats-Unis lundi, journée qui s'est terminée sur une chute de 7,70% du Dow Jones, Wall Street a vécu la semaine écoulée sur les nerfs dans l'attente des chiffres de l'emploi, vendredi, qui se sont révélés encore pire qu'attendu.
"Les données sont atroces. Chaque nouvel indice est pire que les prévisions", constate Art Hogan, de Jefferies.
Pourtant, l'analyste reste positif, car, a-t-il remarqué, dans les moments calmes le marché pousse à la hausse, comme mardi (+3,31%) et mercredi (+2,05%), et même face à un demi-million de destructions d'emplois, vendredi (+3,09%).
Frederic Dickson, de D.A. Davidson, se dit "heureusement surpris" de la façon dont le marché a géré les mauvaises nouvelles, y compris le catastrophique rapport sur l'emploi, qui suggère pourtant que "le ralentissement économique est bien pire que les économistes ne l'ont jugé".
"Cela augmente le risque d'importantes révisions à la baisse de prévisions de résultats pour le trimestre actuel, ainsi que la probabilité que la récession ne soit plus profonde et plus longue qu'attendu", prévient-il.
Sur le papier, les indices publiés la semaine prochaine --promesses de ventes de logements (mardi), demandes hebdomadaires d'allocation chômage et prix à l'importation (jeudi), prix à la production et confiance des consommateurs (vendredi)-- ne devraient pas avoir d'impact trop important sur Wall Street.
Il faudra toutefois garder un oeil vendredi sur les ventes de détail, qui devraient logiquement chuter avec l'intensification de la récession.
Au cours de la semaine écoulée, les entreprises américaines ont multiplié les annonces de licenciements, dont 12.000 pour l'opérateur téléphonique AT&T.
Et "la grande inconnue", comme le souligne Art Hogan, reste le sort des constructeurs automobiles, Ford, General Motors et Chrysler, qui ont de nouveau plaidé pour un sauvetage sur fonds publics devant le Congrès.
Le dilemme pour les investisseurs, selon le stratégiste de Jefferies, est de déterminer si le marché a déjà intégré dans les cours toutes les mauvaises nouvelles, ce que pourrait suggérer la hausse de vendredi.
Car si certains pensent que le pire est passé, d'autres estiment au contraire que les nouvelles vont continuer à être très négatives.
"Ces deux camps sont en compétition et amènent le marché a évoluer dans une fourchette limitée", selon Gina Martin, qui se montre assez pessimiste.
Cette attitude a fait le bonheur du marché obligataire, qui a encore progressé, par rapport à des niveaux déjà record. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans, qui évolue en sens inverse des prix, a chuté à 2,657%, contre 2,957% vendredi dernier. Celui du bon à 30 ans est tombé à 3,110%, contre 3,487%.