L'élection de Barack Obama à la présidence des Etats-Unis a été largement anticipée et déjà célébrée par la Bourse de New York qui devrait se tourner dès ce mercredi vers les nouvelles difficultés économiques à venir.
Vers 09H30 GMT, le contrat à terme sur le Dow Jones, censé préfigurer son évolution future, perdait 154 points (-1,61%), après un sursaut immédiatement après l'annonce par les médias américains de la victoire du candidat démocrate.
Celui sur le Nasdaq reculait de 21,50 points (-1,56%) tandis que celui sur l'indice élargi S&P 500 perdait 18,30 points (-1,82%), laissant entrevoir une ouverture dans le rouge de Wall Street à 09H30 (14H30 GMT).
"La Bourse est une grande machine à anticiper", rappelle Gregori Volokhine, chef du département actions chez Meeschaert New York. "Le marché penche à droite, mais il s'est vraiment préparé à une victoire démocrate", ajoute-t-il.
La première place financière mondiale, qui avait largement parié sur une victoire du sénateur de l'Illinois, en tête dans les sondages, avait montré clairement la voie mardi.
Alors que les Américains se rendaient aux urnes, le Dow Jones avait fini en hausse de 3,28%, le Nasdaq, à dominante technologique, de 3,12% et l'indice élargi Standard & Poor's 500 4,08%.
"Obama a basé sa campagne sur le mot changement, et l'espoir de changement. Cela va apporter un certain optimisme au marché, avec le sentiment que l'on a peut-être tourné la page" après des mois de campagne et une dramatique crise financière, observe Marc Pado, de Cantor Fitzgerald.
"L'incertitude est le principal problème du marché", juge de son côté Sherrill Shaffer, professeur de finance à l'université du Wyoming et ancien chef économiste à la Banque de Réserve fédérale de New York, qui s'attend à une "stabilisation".
Certains analystes craignaient la réaction du marché à l'élection d'un candidat qui propose de porter les taxes sur les plus-values à 20%, contre 15% actuellement.
"Il est vrai que les milieux de l'argent ont tendance à préférer les républicains", reconnaît M. Shaffer.
Mais l'accélération de la crise financière au début de l'automne a changé la donne.
Même remonté de ses niveaux les plus bas de la mi-octobre, le Dow Jones reste sur un plongeon de près de 30% depuis le début de l'année.
Selon un sondage réalisé à la sortie des urnes par CNN, l'économie a représenté la préoccupation numéro un de 62% des électeurs américains.
"Il y aura peut-être des hausses d'impôt, mais ce n'est pas le premier problème. Le marché a confiance que même un démocrate ne sera pas un président anti-business mais un président qui sera là pour essayer de redresser l'économie", relève Gregori Volokhine.
Pour Cormac Weldon, responsable des actions américaines pour la société de gestion d'actifs Threaneedle, l'élection de Barack Obama "tombe au moment même où, suite à la crise du crédit et à la prise de contrôle de grandes banques par le Trésor américain, on assiste à la plus forte extension des pouvoirs gouvernementaux sur le système financier depuis la Grande Dépression".
Les investisseurs semblent même s'être faits à l'idée d'un renforcement de la régulation sur les marchés financiers, promis par les deux candidats.
"Cela va freiner le marché à court terme mais à long terme il s'agit de rétablir la confiance des investisseurs individuels", estime Marc Pado.
Mais l'incertitude politique désormais levée, Wall Street "va se déconnecter rapidement de la politique pour revenir vers l'économie", prévient M. Volokhine.
En la matière, les investisseurs attendent avec angoisse les chiffres mensuels de l'emploi aux Etats-Unis vendredi matin.
Dès mercredi matin, avant l'ouverture de Wall Street (à 13H15 GMT), l'enquête mensuelle du cabinet privé ADP pourrait ramener le marché à la réalité économique, en donnant un avant-goût de ces statistiques.