La monnaie britannique est tombée mardi au plus bas depuis deux ans et demi face au billet vert, en réaction aux déboires en Bourse de la plupart des grandes banques britanniques et des spéculations sur des recapitalisations de celles-ci par l'Etat.
La livre a reculé jusqu'à 1,7319 livre pour un dollar en début d'échanges européens, renouant ainsi avec des niveaux plus atteints depuis le 4 mars 2006, et perdant plus de 18% de sa valeur par rapport à son record depuis les années 1980 touché en septembre 2007, à 2,1161 livres pour un dollar.
Le titre Royal Bank of Scotland (RBS), la deuxième banque britannique, a perdu jusqu'à 39,2% mardi à la Bourse de Londres sur fond de craintes sur la capitalisation des banques britanniques.
Le cours de RBS, de Barclays et de Lloyds TSB s'est emballé à la baisse mardi après que la BBC eut affirmé que la veille au soir, leurs patrons avaient demandé, lors d'une réunion avec le ministre des Finances Alistair Darling, une recapitalisation rapide par le gouvernement pour restaurer la confiance, une démarche démentie par la suite par RBS et Barclays.
"Pour les marchés, cela ferait une énorme différence si les banques devaient demander une injection de capital ou si le Trésor (ministère des Finances, ndlr) devait intervenir" commentaient les analystes de BNP Paribas.
La faiblesse de la livre a été accentuée par les chiffres de la production industrielle, en baisse de 0,6% sur le mois et de 2,3% sur un an en août au Royaume-Uni, et de la production manufacturière seule de 0,4% sur le mois et de 1,9% sur l'année, une baisse plus importante que ne le prévoyaient les économistes.
Par ailleurs, la Chambre de commerce britannique (British Chambers of Commerce, BCC) a estimé mardi que l'économie britannique était déjà entrée en récession, le moral, les bénéfices et l'activité des entrepreneurs s'étant effondrés, et le chômage étant promis à une forte hausse.
Ces statistiques sont de mauvais augure à la veille du début de la réunion mensuelle du Comité de politique monétaire de la Banque d'Angleterre (BoE), qui durera deux jours.
Les analystes attendent dans leur majorité une baisse du taux directeur principal, fixé à 5%, d'un quart ou d'un demi-point.
Le Centre de recherche économique et financière (CEBR), groupe de réflexion basé à Londres, appelait mardi matin à une baisse d'un point entier, à l'image de la banque centrale australienne qui a opéré un mouvement de cette amplitude la veille.