Contexte. Le marché français de l'assurance-vie subit l'inversion de la courbe des taux et la débâcle des marchés boursiers. Selon la Fédération française des sociétés d'assurances (FFSA) les cotisations d'assurance-vie ont reculé de 9% au mois d'août par rapport à la même période de l'année dernière. Ce sont les versements sur les contrats en unités de compte qui enregistrent la baisse la plus importante (-43% depuis début janvier, à 14,4 milliards). Au contraire, les versements sur les supports euros progressent, eux, de 2%, à 71,7 milliards. Les assureurs européens sont affectés par la crise financière, qui s'est traduite par de fortes dépréciations d'actifs au premier semestre. Selon l'agence de notation Moody's, leurs fonds propres ont enregistré une baisse comprise entre 2% et 20% sur la période. Toutefois leurs difficultés ne sont pas les mêmes selon les acteurs. Si le résultat opérationnel d'AXA s'est bien maintenu, Allianz a publié un résultat trimestriel de 1,5 milliard d'euros, en repli de 28%. Le groupe a revu à la baisse ses objectifs de résultats à moyen terme. Les assureurs américains sont fortement exposés aux crédits immobiliers « subprime » et aux crédits structurés. Ainsi, AIG, qui devra céder des actifs dans les prochains mois, a échappé à la faillite grâce à un prêt de la réserve fédérale américaine de 85 milliards de dollars. L'tat américain recevra, en contrepartie, 79,9% du capital d'AIG.
Perspectives et enjeux. D'après Moody's, les notations des compagnies d'assurances européennes devraient rester stables à moyen terme car les assureurs ont adopté des stratégies d'investissement de plus en plus prudentes ces dernières années. Quant aux réassureurs, leurs bénéfices semestriels ont chuté en raison de la dépréciation de leurs placements en actions et obligations. Dans ce contexte, ils pourraient être incités à accroître leurs tarifs pour maintenir leurs performances. Cette tendance est confirmée par Munich Ré et Swiss Re. Le premier va augmenter ses tarifs pour 2009 avec des hausses bien supérieures à 10%. Le second groupe anticipe la fin accélérée du cycle baissier des prix de la réassurance. En France, le recul observé dans l'assurance-vie ces derniers mois pourrait être amplifié par de nouvelles mesures. Dès le début 2009, les placements d'assurance-vie seront soumis à un prélèvement de 1,1%, destiné à financer le revenu de solidarité active (RSA).
Pour comprendre. Le secteur de l'assurance regroupe divers métiers : l'assurance de personnes, dite vie (santé, prévoyance, retraite), l'assurance multirisque de biens (incendies, accidents, risques de transports et risques divers), dite non-vie, ainsi que la gestion d'actifs (protection financière et accumulation de patrimoine), la réassurance, et, enfin, l'assurance-crédit. Les revenus des assureurs sont fortement conditionnés par l'évolution des marchés financiers dans la mesure où les primes versées par les assurés, réserves déduites, sont réinvesties en actions ou en obligations. Le résultat de ces placements est appelé résultat financier.