La Bourse de Paris devrait poursuivre sa baisse jeudi matin, le contrat à terme sur le CAC 40 cédant 0,30% une quarantaine de minutes avant l'ouverture de la séance, tandis que les marchés bruissaient de rumeurs sur les prochaines victimes de la crise financière.
L'indice vedette a terminé mercredi au plus bas depuis mai 2005, plongeant de 2,14% et préservant d'extrême justesse le seuil des 4.000 points, à 4.000,11 points, malgré le soutien apporté par les autorités américaines à l'assureur en difficulté AIG.
La Bourse de New York a de son côté connu une nouvelle déroute, avec une accélération de ses pertes en fin de séance, en raison de nouvelles attaques contre les valeurs du secteur bancaire et de l'assurance: le Dow Jones a cédé 4,06% et le Nasdaq 4,94%.
A Tokyo, l'indice Nikkei a fini la séance de jeudi sur une chute de 2,22%, à son plus bas niveau en plus de trois ans.
Cinq jours d'efforts frénétiques des autorités monétaires n'ont pas permis de rassurer les investisseurs et d'autres établissements semblent condamnés d'avance par les marchés.
Quelques heures après la décision historique de nationaliser AIG, et l'annonce que la banque britannique Barclays achetait pour une bouchée de pain les meilleurs actifs de Lehman Brothers, la britannique HBOS a dû accepter son rachat en urgence par sa rivale Lloyds TSB.
Selon le quotidien New York Post, les autorités américaines seraient maintenant à la recherche d'un repreneur pour Washington Mutual, la grande banque de Seattle, qui croûle sous le poids de ses encours immobiliers.
Et après l'élimination de trois des cinq banques d'affaires de Wall Street --Bear Stearns, Lehman Brothers et Merrill Lynch, mariée dimanche à Bank of America--, la spéculation s'est tournée vers Morgan Stanley. Le titre a perdu plus de 24%, alors même que la banque a publié un excellent bénéfice trimestriel.
Le New York Times évoque une fusion de Morgan Stanley avec la banque généraliste Wachovia, tandis que la chaîne de télévision CNBC rapporte que la banque d'affaires est en négociations avec la chinoise CITIC.
Le directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn a estimé de son côté que les événements récents dans la finance représentaient "un risque potentiel supplémentaire" pour la croissance économique mondiale.
Aux Etats-Unis, les investisseurs attendent cette séance les résultats trimestriels de Federal Express, publiés avant Bourse, ainsi que les demandes hebdomadaires d'allocations chômage à 12H30 GMT, puis l'indice composite de l'activité économique et l'indice d'activité industrielle de la Fed de Philadelphie, à 14H00 GMT.
VALEURS A SUIVRE:
PERNOD RICARD a annoncé un bénéfice net de 840 millions d'euros, en hausse de 1%, pour l'exercice 2007/2008, légèrement inférieur aux estimations du courtier Aurel. Pour 2008/2009, le groupe mise sur "un objectif d'une croissance à deux chiffres du résultat net courant".
AXA, BNP PARIBAS, CREDIT AGRICOLE, DEXIA, SOCIETE GENERALE: le sauvetage AIG, loin d'apaiser les marchés, a laissé place à une valse de rumeurs sur la santé des autres acteurs financiers, y compris des groupes apparemment solides comme Morgan Stanley.
EDF: les discussions entre EDF et le groupe britannique d'énergie nucléaire British Energy sur un éventuel rachat du second par le premier "se poursuivent", a-t-on appris mercredi de sources proches du dossier. Le conseil d'administration d'EDF, qui s'est réuni mercredi, a été informé du dossier mais aucune nouvelle offre de rachat n'a été présentée aux administrateurs.
RENAULT: la ministre de l'Economie Christine Lagarde verra avec la direction du constructeur comment elle entend "précisément assurer la pérennité des sites industriels français" après l'annonce de la suppression de 1000 emplois sur le site de Sandouville.
EURAZEO a demandé mercredi à l'Autorité des marchés financiers l'ouverture d'une enquête sur son titre, après un plongeon mardi qui pourrait être indirectement lié à la quasi-faillite de la banque américain Lehman Brothers.