
Sea Sheperd a enfin réussi à s’imposer face aux baleiniers japonais après de longues années de lutte.
Une bataille a été gagnée pour Sea Sheperd, mais pas la guerre. « Afin d'assurer la sécurité des membres d'équipage et des navires, le gouvernement est contraint de mettre fin à la campagne » a regretté vendredi Michihiko Kanodit, le ministre japonais de l’Agriculture et de la Pêche. De fait, le Japon vient de rappeler ses navires de pêche au port, bien avant que les pêcheurs aient atteint le quota autorisé. Depuis 1986, la commission baleinière internationale a fermé les portes de l’Antarctique à la chasse aux cétacés. Seule dérogation : les navires nippons peuvent circuler et perpétrer leur boucherie à condition de respecter un seuil maximal de plusieurs centaines (chiffre variable selon les années) de ces mammifères marins. Cette année, la limite était fixée à 850 baleines, mais l’opération coup de poing des bergers des mers a porté ses fruits : ‘’seule ‘’ une centaine de spécimens ont trouvé la mort.
Les terroristes au secours de la Mer
L’écologisme forcené, pourtant conspué, a fini par faire ses preuves. Les intrépides sauveurs de baleines vont au devant de risques incommensurables pour sauver nos amis à fanons. Harponnages, bateaux réduits en miettes, la campagne de sauvegarde apporte son lot de risques et d’aventures. A but non-lucratif, l’ONG ne renonce à rien, pas même à voir couler ses bateaux (cf. encadré).. Bien qu’efficace, Sea Sheperd continue de semer le doute A la barre de l’organisation, Paul Watson. Fondateur parmi d’autres de Greenpeace, il en est exclu en 1977 pour ses méthodes controversées. Il crée alors Sea Sheperd et jure de se mettre au service des cétacés. Il gagne ses premiers galons d’éco-terroriste en envoyant plusieurs navires par le fond.
Les baleines, une viande juteuse
Mais voilà, ses méthodes ne plaisent pas au gouvernement japonais, qui a demandé à plusieurs pays de ne plus apporter aucun soutien à ces pirates de l’écologie. « Nous trouvons l'acharnement des bergers des mers extrêmement regrettable et nous demandons aux États concernés de prendre les mesures nécessaires contre eux » a même déclaré Yukio Edano, secrétaire général. Mais que cache réellement cette déclaration, sinon un appui explicite de l’activité des baleiniers. Le gouvernement australien a même appelé le Japon à cesser « de prétendre que ses prises ont un objectif scientifique », leur permettant ainsi de passer outre le moratoire sur la chasse commerciale. La chair de baleine est en effet un mets extrêmement apprécié au pays du soleil levant. « La consommation de baleines fait partie de la culture culinaire japonaise et dire au Japon d'arrêter de le faire n'est rien d'autre que de l'impérialisme culturel » s’était agacé en janvier Glenn Inwood, porte-parole japonais de l’Institute of Cetacean Research (ICR), censé se concentrer sur la recherche scientifique des cétacés. Le ministère de l’agriculture nippone, en faveur de la chasse aux baleines, soutient par ailleurs l’ICR. Mais Sea Sheperd, bien loin de se reposer sur ses lauriers, prépare déjà sa seconde vague d’offensives en se basant à Taiji, toujours au Japon, pour empêcher le massacre de dauphins.
Théo Garcin
Sea Sheperd dans le tourbillon des polémiques
En 2010, L’Ady Gil, le catamaran furtif de l’organisation entre en collision avec un baleinier japonais et sombre. Peu après, les bergers de la mer se sont empressés d’appeler à la collecte d’autres dons pour en bâtir un second (le premier avait coûté 1.37 million de dollars). Les mauvaises langues ont sauté sur l’occasion pour dénoncer le gaspillage d’argent dans des bijoux technologiques, qui aurait pu être mieux investi dans de nouvelles campagnes. De même, la contestation s’étend jusqu’aux procédés utilisés qui sont contraires à la législation, comme l’utilisation de bombes à colle, de projectiles à base de beurre pourris, ou l’éperonnage à l’aide d’ouvres boites géants…