En 2009, près de 2 000 MW de photovoltaïque ont été raccordés en France. Et la demande en énergie solaire ne cesse de croître. Bonne nouvelle ? Pour atteindre les objectifs du Grenelle de l’environnement, à savoir une part de 23 % d'énergies renouvelables dans la consommation énergétique française d’ici 2020, bien sûr ! Mais pour la présidente du directoire d’ErDF (Electricité Réseau Distribution France), filiale d’EDF, c'est une autre histoire : cette dernière craint que la prolifération du photovoltaïque n’entraîne un « black out ».
A l’occasion d’un colloque de l’UFE (Union Française de l’Electricité), le 22 juin dernier, Michelle Bellon a fait part de ses inquiétudes vis-à-vis du développement de l’énergie solaire : « Nous nous attendons cette année à plus de 75 000 raccordements nouveaux, 120 000 l’année prochaine, 150 000 en 2012 », a-t-elle annoncé. Or selon elle, cet accroissement important de la demande risque de faire surchauffer le réseau électrique français.
50 000 producteurs raccordés d’ici 2013
Il y avait 45 000 panneaux photovoltaïques raccordés au réseau d’ErDF en 2009. Fin 2013, Michelle Bellon estime que plus de 50 000 producteurs décentralisés seront raccordés. « Comment va-t-on gérer toute cette production non prévisible, aléatoire ? Ca va être extrêmement complexe », s’inquiète-t-elle. Le coût de ces nombreux raccordements serait aussi un problème important : « 500 000 raccordements d’ici à 2013, ce sont 3 milliards d’euros d’investissements. Or c’est ERDF qui finance le raccordement et les renforcements du réseau qui y sont liés ».
« On peut travailler sur la réduction des coûts. En autorisant les installateurs à être parties prenantes de la procédure de raccordement, comme en Allemagne », a proposé Richard Loyen, délégué général d’Enerplan. « C’est plus simple de raccorder une fois l’installation faite, que de faire venir un prestataire d’ErDF 6 à 9 mois plus tard, après lourde procédure, voire de faire revenir en plus l’installateur, pour que ce dernier vérifie que tout se passe bien », a-t-il ajouté.
Les professionnels du secteur réagissent
Pour les professionnels du secteur, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. « Le réseau est capable de supporter plus d’électricité. Il suffit que les travaux et les installations adéquates soient faits », affirme Stéphane Muyard, directeur des opérations chez Sunnco, spécialiste des énergies renouvelables. Leur point de référence : l’Allemagne. Notre voisin affiche 9 785 MW de photovoltaïque installés contre 272 MW dans l’Hexagone : « Il y a 20 fois plus de photovoltaïque que chez nous ». Mais outre-Rhin, « toutes les adaptations au réseau ont été faites », explique Stéphane Muyard.
L’association professionnelle de l’énergie solaire, Enerplan, a également réagit aux propose de Michelle Bellon. « Pour rassurer Mme Bellon, nous l'invitons en Allemagne qui a déjà dépassé dans son mix électrique le seuil d'1 % d'électricité solaire qu'a retenu le Grenelle de l'Environnement pour 2020 en France », a déclaré l’organisation. « Cette visite sera l'occasion de prouver par la réalité que si peu d'électricité solaire ne déstabilise pas le réseau électrique allemand. Qui plus est, ce sera l'occasion pour ErDF de s'initier aux bonnes pratiques du gestionnaire de réseau pour connecter les installations photovoltaïques outre-Rhin »