C’est sans réelle surprise que la nouvelle Commission européenne, conduite par José Manuel Barroso, a été adoubée aujourd’hui (9 février) par le Parlement (tous les eurodéputés lui sont favorables, à l’exception des Verts, des communistes, et de certains eurosceptiques). L’ancien Premier ministre portugais entame donc un second mandat à la tête de l’exécutif européen.
Ce dernier s’est félicité du vote, et du « soutien fort de la part de tous les horizons politiques » dont il bénéficie. « Nous avons maintenant les moyens de nous mettre au travail », a-t-il aussitôt déclaré. Mais très vite aussi, des rumeurs ont fait état d’une volonté de Bruxelles de relancer le processus d'autorisation de la culture du mais OGM MON 810 (Monsanto) et de la pomme de terre génétiquement modifiés Amflora (BASF).
M. Barroso a pourtant déjà échoué dans sa tentative de développer de telles culture en Europe : six Etats, dont la France et l'Allemagne, ont interdit la culture du MON 810 et onze pays ont demandé à pouvoir interdire toutes les cultures d'OGM.
Mais le départ de Stavros Dimas, commissaire à l’Environnement anti-OGM, lui aurait peut-être donné envie de retenter l’exercice. Faux, répond cependant pour l’instant la porte-parole du président de la Commission. Les députés d’Europe Ecologie Sandrine Bélier et José Bové ont en effet pris « acte acte de déclarations qui démentent toute velléité d'imposition de la culture de ces deux OGM en Europe ».
Pour autant, les écologistes restent prudents : « Il n'y a pas de fumée sans feu. Il y a quelques mois, l'Agence européenne pour la sécurité alimentaire (EFSA) rendait un avis favorable à la réhabilitation du maïs MON 810 - avis qui ne prend toutefois pas en compte ses graves impacts sanitaires et environnementaux du MON 810 », rappelle Mme Bélier.
« Aujourd'hui, on court le risque de bafouer sans vergogne le principe de précaution pourtant garanti par le Traité CE. La Commission nouvellement élue, et plus particulièrement son Commissaire à la santé John Dalli, devront garantir l'intérêt public européen et rester ferme face aux pressions industrielles en tout genre. Sinon, ce feu pourrait avoir des effets dévastateurs ».
Pour M. Bové, « le président de la Commission ne peut pas se montrer si ouvertement aux ordres des intérêts privés des multinationales. La Commission doit répondre concrètement aux demandes très claires du Conseil Environnement du 4 décembre 2008 prise à l'unanimité des 27 pays de l'Union en particulier sur l'évaluation des impacts socio-économiques des OGM ; c'est un enjeu de démocratie pour l'avenir de l'agriculture et de l'alimentation en Europe ! ».
Les OGM font décidemment beaucoup parler d’eux en ce moment dans l’UE : le 21 janvier, quatre ONG ont réclamé par courrier à M. Barroso des explications sur le parcours professionnel de Suzy Renckens, une ancienne directrice de l’EFSA. Les associatifs la soupçonnent de servir aujourd’hui les intérêts des industriels de l’OGM.