Si le sommet de Copenhague a plongé les acteurs économiques dans l’incertitude, les outils de financement de la lutte contre le changement climatique continuent à se développer, et en premier lieu la finance carbone. La période post-Kyoto (2012) est en train de se construire et repose déjà sur trois piliers : le marché européen du carbone, le Mécanisme pour un développement propre et les futurs marchés de quotas (en projet aux Etats-Unis, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Asie du Sud Est, en Chine et au Brésil). Actuellement, si l’Europe dispose du plus grand marché carbone créé dans le monde, d’autres bourses d’échanges existent dans plusieurs Etats américains et des projets de ce type se développent en Chine. Par ailleurs, au plan européen, le "paquet climat-énergie", adopté en 2008, définit des objectifs précis de réduction des émissions pour la période 2013-2020, et confirme le rôle central du marché carbone pour les réaliser.
C’est donc dans un contexte favorable que CDC Climat entend anticiper les futures politiques climatiques des Etats et se positionne aujourd’hui sur les différents mécanismes économiques de réduction du carbone – marché, investissements, fonds carbone…-. Elle s’appuie sur une expertise, capitalisée jusque la au sein du groupe Caisse des dépôts, qui allie compétence de recherches, gestion du registre des quotas de carbone et trading des dits quotas et enfin participation à hauteur de 40% de BlueNext, la bourse carbone européenne. D’autre part, la Caisse des dépôts investit dans des actifs carbone (fonds carbone européen, fonds post-2012, ainsi qu’un fonds carbone Maroc). Ces activités climat seront désormais filialisées au sein de CDC Climat, à l’exception du registre national, mandat d’Etat.
En terme d’investissements, CDC Climat disposera de 160 millions d’euros pour créer et financer des fonds spécialisés avec des partenaires et 50 millions d’euros pour investir directement dans des projets de réduction d’émissions de gaz à effet de serre dans, par exemple, le secteur des énergies renouvelables.
Au global, la Caisse des dépôts va consacrer, via l’investissement dans CDC Climat, 250 millions d’euros supplémentaires dans des outils de lutte contre le changement climatique d’ici 2015. Les fondateurs de CDC Climat, Pierre Ducret et Jean-Pierre Sicard, se sont engagés à ce que cela permette d’éviter l’émission de 25 millions de tonnes de CO2 de par an dans le monde, soit l’équivalent de 5 % des émissions annuelles de la France.
Garantir des outils fiables sur des marchés émergents
Avec CDC Climat, le groupe affiche désormais un positionnement plus international : « L’utilisation des outils de marché dans la réduction des émissions de CO2 va se développer dans le monde entier, avec ou sans accord mondial sur le climat », souligne Pierre Ducret, président- directeur général de CDC Climat. « Nous ne sommes pas des dogmatiques du marché du carbone, mais nous voulons contribuer à sa stabilité et favoriser des projets permettant une réduction réelle des émissions dans des zones géographiques aujourd’hui peu explorées comme le bassin méditerranéen ». De fait, en l’absence de politique définie des Etats, les mécanismes de marché issus du Protocole de Kyoto constituent bel et bien, aujourd’hui, les seuls instruments sur lesquels se construit la lutte contre le changement climatique… D’où la nécessité de garantir leur fiabilité. «Il s’agit pour nous de fournir des outils transparents et fiables sur ces marchés encore émergents », ajoute Jean-Pierre Sicard, directeur général délégué. Et de jouer notre rôle d’investisseur de long terme et d’acteur de confiance de la finance carbone ».
Cette nouvelle filiale dispose d’un département de recherche sur l’économie du changement climatique qui regroupe les chercheurs de l’ancienne Mission Climat de la Caisse des dépôts. Elle a vocation à diffuser ses travaux auprès des divers acteurs internationaux qui travaillent dans ce qui est déjà devenu un secteur à part entière, celui de la finance carbone. Elle devrait travailler sur quatre nouveaux sujets en 2010 : la séquestration du carbone dans la filière forêt-bois française et sa valorisation, les marchés du carbone à l’international, les mécanismes internationaux de financement des politiques climatiques (réductions des émissions, adaptation au changement climatique, financement des infrastructures, aide au développement…) et la mise en œuvre des taxes carbone existantes dans différents pays.
« Innovation, expertise et confiance » sont les trois mots d’ordre de cette nouvelle entreprise atypique et sans véritable concurrent international équivalent.
Véronique Smée