Alors que l’industrie automobile bat de l’aile, le secteur se tourne de plus en plus vers le développement durable. Après la ruée sur les voitures électriques des constructeurs, ce sont peut-être les activités aval qui vont se tourner vers l’écologie. Le groupe Dekra, qui a décidé de mettre en 2010 « le développement durable au cœur de sa stratégie » vient lui de présenter un projet destiné à rendre ces centres de contrôles techniques moins polluants. « Il s’agit d’une démarche de long terme pas d’une idée destinée à assurer un bénéfice concurrentiel », affirme le président du directoire, Axel Noack. Pour autant, le groupe espère tout de même tirer un bénéfice d’image et sans doute aussi différencier son réseau (Dekra, Norisko et Autocontrol) de la concurrence dans un marché aujourd’hui ultra-saturé. Pour cela, il a fait appel à l’agence Utopies pour l’aider à développer un système de modélisation destiné à la rénovation ou à la construction de bâtiments plus écologiques. Le gérant de chaque centre peut ainsi faire appel à une base de données disponible en ligne et choisir de faire refaire sa façade, d’utiliser des peintures plus écologiques et/ou un mobilier FSC, de créer un toit végétalisé ou de se mettre au photovoltaïque.
« On se focalise souvent sur les problèmes d’efficacité énergétique or pour ce type de bâtiment ce n’est pas forcément pertinent car ils sont en permanence ouverts sur l’extérieur…Nous avons donc travaillé sur d’autres points comme la qualité de confort et l’air intérieur, le respect de l’eau et de la biodiversité, la traçabilité des matériaux, etc », explique Stanislas Dupré, le directeur général d’Utopies. Selon les choix du gérant – et le montant qu’il sera prêt à débourser, soit entre 3 700 et 20 000 euros au minimum, beaucoup plus s’il est très volontaire- il décrochera un label « centre vert Dekra » orné d’une, deux ou trois étoiles. « Nous avons été obligé d’en créer un en propre car il n’existe pas encore de référentiel adapté au secteur », souligne le directeur du réseau Dekra en France, Nicolas Bouvier, devançant une interpellation sur l’utilisation d’un énième label de marque.
Convaincre le réseau
L’enjeu est de taille car le leader mondial du secteur détient, avec 22 millions de contrôles chaque année et 5,5 millions de clients, 26 % des parts de marché en France et ne possède pas moins de 1450 centres dans l’Hexagone, pour la plupart en franchise. « Cela veut dire que nous ne pouvons contraindre les gérants des centres à rendre leur(s) bâtiment(s) plus écologique(s) mais seulement les convaincre », précise Nicolas Bouvier. Et la précision est d’importance car, dans ce contexte, le rythme de transformation des centres est finalement assez aléatoire. Au vu des premières réactions du réseau lors de la présentation du projet, Dekra se veut assez optimiste mais il table seulement sur une vingtaine de centres « verts » en 2010, auxquels s’y ajouteront 10 en propre (sur les 130 que détient le groupe) avant la cadence ne s’accélère avec 50 à 100 centres chaque année, dont 1/3 à peu près de 3 étoiles. Car les franchisés vont devoir financer les travaux eux-mêmes ; si le groupe met gratuitement à leur disposition les simulations, il ne leur octroie aucune subvention et les incitations fiscales existantes actuellement sont peu adaptées aux travaux suggérés, souligne Utopies.
Le succès de l’opération dépendra donc en grande partie, et de la volonté personnelle des franchisés, et de la capacité du groupe à les séduire. De fait, Dekra a misé sur une communication tout azimut avec sa dernière convention annuelle et le dernier numéro de sa revue consacrés au sujet. En 2010, le projet sera également au cœur des 45 réunions organisées régionalement et, pour motiver les troupes, les 10 commerciaux qui sillonnent la France verront leur prime indexée sur le nombre d’étoiles obtenus par les centres de leur zone…Cette part d’incertitude quant à la réalité du projet va aussi empêcher le groupe de communiquer nationalement sur la question. Une autre opération, concernant l’ensemble du réseau cette fois, a donc été lancée en parallèle : le mécénat en faveur de la reforestation de mangroves en Indonésie, en partenariat avec l’ONG Planète urgence à qui elle versera 10 000 euros cette année, augmenté de 1 000 euros par tranche de 20 000 contrôles techniques supplémentaires par rapport à 2009. Un « forfait vert, tournant autour de contrôles pollution », dont les contours sont encore très flous, devrait aussi voir le jour et permettre de verser, à chaque forfait vendu, 1 euro à l’ONG qui replantera un arbre en compensation. Au siège, Dekra prévoit également 500 000 euros de travaux destinés à la réfection des bâtiments et qui s’ajouteront aux 500 000 euros consacrés à la transformation des centres en propres.
Prochaine étape pour le groupe qui s’est engagé dans une démarche Iso 14 001, la réduction des émissions de gaz à effet de serre provenant du déplacement de ses clients. Car si chaque centre technique émet en moyenne 12 tonnes de CO2 par an -14 en comptant les déplacements du personnel- ce chiffre est plus que doublé (35 tonnes) si l’on prend en compte les trajets effectués par ses clients. Le groupe réfléchit donc notamment à la mise à disposition, pendant la durée du contrôle, de véhicules électriques.