« Areva et Fresno Nuclear Energy Group (FNEG) ont signé une lettre d’intention qui marque le début d’une coopération pour le développement d’un ou deux réacteurs EPR dans la Central Valley (Californie) », a indiqué hier (29 décembre), juste après la clôture de la Bourse de Paris, le groupe nucléaire français dirigé par Anne Lauvergeon. Un projet inespéré pour la filière atomique hexagonale qui rencontre de nombreux problèmes avec son réacteur de troisième génération sur lequel elle mise pourtant gros.
Ces constructions sont vouées à « fournir une source d’électricité propre pour le développement de l’industrie agricole de la Central Valley », selon Areva. Et d’ajouter : « Les futurs réacteurs EPR permettraient également à l’Etat de la Californie de répondre à ses besoins croissants en électricité tout en respectant son engagement en matière de réduction des émissions de CO2 ». Restent désormais aux deux partenaires à obtenir une autorisation et à mener « dès 2010 des études destinées à identifier un site pour l’implantation d’une nouvelle centrale nucléaire ».
Areva rappelle par ailleurs dans son communiqué que huit projets d’EPR (en cours de certification aux Etats-Unis) sont actuellement « en considération » avec six électriciens américains : Constellation, PPL, AmerenUE, Amarillo Power, AEHI et Duke Energy.
« Un simple effet d’annonce », pour le Réseau Sortir du Nucléaire
« Une telle lettre d’intention n’a aucune valeur juridique et ne fait pas avancer d’un pouce l’éventualité, fort improbable, de la construction d’un EPR aux USA », a aussitôt réagi le Réseau Sortir du Nucléaire. « Areva, coutumière de ce genre d’effet d’annonce, déclarait déjà le 18 juin dernier être entré en négociations avec des groupes américains pour un projet EPR dans l’Ohio ». Il s’agirait en fait d’une manœuvre « pour faire oublier l’échec à Abu Dhabi », estime la fédération d’associations, favorable à l’abandon du réacteur.
Cette dernière ne croit en effet pas à la concrétisation de ces projets : d’abord, « l’EPR n’est pas certifié par la NRC (l’autorité de sûreté nucléaire américaine). Le processus est en cours jusqu’en 2012 et tout laisse à penser que l’EPR sera recalé, du fait de ses différentes failles de sûreté et en particulier de sa vulnérabilité en cas de crash d’avion de ligne ». Ensuite, « la NRC n’a pas hésité à recaler l’AP 1000, le concurrent américain de l’EPR. Il faut être bien naïf pour croire que, après avoir rejeté leur propre réacteur, les USA vont dérouler le tapis rouge pour l’EPR français ».
Enfin, Sortir du Nucléaire pointe du doigt le prix élevé du réacteur et rappelle qu’un projet a déjà été annulé « pour de simples raisons financières » dans le Missouri : « L’électricien américain AmerenUE est lui aussi (avec les EAU, ndlr) arrivé à la conclusion que produire de l’électricité avec l’EPR était beaucoup trop cher ».