Le rapport de l’Onerc « montre que la France ne sera pas épargnée par le changement climatique », souligne Jean-Louis Borloo dans un communiqué. On n’en doutait pas. Mais les prévisions sont alarmantes : les coûts liés au réchauffement pourraient atteindre plusieurs milliards d’euros par an ! Et l’étude n’a même pas retenu les scénarios les plus pessimistes du Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (Giec), préférant les analyses d’impact classiques.
Première menace : la montée du niveau des océans. Elle pourrait concerner plusieurs centaines de milliers de personnes. Une élévation d’un mètre d’ici 2100 représenterait un coût patrimonial pour les routes nationales métropolitaines allant jusqu’à 2 milliards d’euros. Et pour la seule région Languedoc-Roussillon, la destruction des logements exposés devrait se chiffrer en dizaine de milliards d’euros.
Impact sur les cultures et les forêts
Depuis 2003, les canicules se multiplient. Si le phénomène perdure, cela pourrait représentait à la fin du siècle un coût de plus de 300 millions d’euros par an pour une culture comme le blé, estime l’Onerc. La qualité des vins serait par ailleurs fortement affectée.
Le tourisme ne serait pas en reste : les températures estivales deviendraient insupportables dans le Sud de la France, et le manteau neigeux des Alpes diminuerait fortement en hiver. Quant à l’eau, il y a menace de pénurie : un déficit annuel en eau potable de l’ordre de 2 milliards de m3 nous guetterait d’ici 2050.
Enfin, l’augmentation du taux de gaz à effet de serre dans l’atmosphère augmenterait d’abord la productivité, mais multiplierait aussi les risques d’incendie et de sécheresse. De la même manière, la consommation énergétique baisserait d’environ 3 % en hiver, mais le recours croissant à la climatisation en été amputerait de moitié ces économies.
Un rapport pour lancer un plan national d’adaptation
La loi d’orientation du Grenelle de l’environnement (dite « Grenelle 1 »), définitivement adoptée par le Parlement fin juillet, prévoit un plan national d’adaptation au réchauffement climatique. Le rapport de l’Onerc servira ainsi de « document de référence » pour le lancer vers 2011. « Il nous faut bâtir une stratégie de long terme qui seule permettra l’adaptation de notre société », prévient M. Borloo.
Deux autres rapports déjà publiés viendront appuyer ce travail : celui de 2006 sur la stratégie d’adaptation au changement climatique, et celui de 2007 sur les risques sanitaires.
* : Le rapport Stern a été publié par le banquier britannique Nicholas Stern en octobre 2006, à la demande du gouvernement du Royaume-Uni. Il analyse les coûts engendrés par les changements climatiques au niveau mondial. Selon l’étude, il suffirait de consacrer rapidement 1 % du PIB international pour atténuer les effets du réchauffement. Si rien n’est fait, la planète risquerait une récession du PIB de 20 %. Il s’agit du premier rapport réalisé par un économiste (les précédents l’étaient par des météorologues).