Le projet d’une taxe carbone aux frontières européennes ne date pas d’hier. Le président français y songe personnellement depuis des mois. Et pas seulement quand il se rase ! Conscient que les produits français paieront un plus lourd tribut dû à la concurrence des pays pourvoyeurs de main d’œuvre bon marché, Nicolas Sarkozy joue son va-tout.
Faire adopter son idée de taxe carbone aux frontières, le chef de l’Etat l’avait envisagé avant même qu’explose la polémique autour de la taxe nationale. Depuis deux ans, la France propose de taxer les mauvais élèves, les pays les plus pollueurs, en instaurant donc cette fameuse taxe carbone européenne. Alors que la France ne disposait que de peu d’alliés au sein de l’UE, il semblerait que les temps changent.
Dans une lettre commune adressée au secrétaire général des Nations-Unies, la France et l’Allemagne se disent disposées à prendre des mesures drastiques, sinon contraignantes, à l’encontre des pays réfractaires quant aux objectifs de réduction des émissions de CO2. « Il ne serait pas acceptable que les efforts des pays les plus ambitieux soient compromis par les fuites de carbone qui résulteraient de l’absence ou de l’insuffisance d’actions de certains », expose la missive franco-allemande. C’est la raison pour laquelle Angela Merkel et Nicolas Sarkozy plaident pour « des mesures d’ajustement appropriées visant les pays qui ne respecteraient pas cet accord ou n’en feraient pas partie ».
Taxer les économies les plus polluantes
En clair, il faut comprendre que les émissions de dioxyde de carbone des pays les plus pollueurs devront se payer d’une façon ou d’une autre. Et selon la récente amitié franco-allemande sur la question, la seule solution serait de les pénaliser financièrement. Les importations indiennes ou chinoises (pour ne citer qu’elles) devraient donc s’acquitter d’une taxe carbone aux frontières de l’Union européenne. Le message, envoyé la semaine dernière à Ban Ki-Moon, voulait être entendu à la veille d’un sommet sur le climat qui doit avoir lieu demain (22 septembre) à New-York.
La Chine et l’Inde refusant de s’infliger des quotas d’émissions de CO2, la France et l’Allemagne veulent les y contraindre. Protectionnisme pour les uns, impérialisme pour les autres, le projet français fait débat. Et l’Allemagne a longtemps lutté avant de se ranger à l’avis de son voisin. Mais reste à convaincre l’ensemble des pays de l’Union, l’unanimité faisant règle en matière de fiscalité. Mais cette étape ne sera pas la seule. Il faudra aussi compter avec l’OMC, que la Chine et l’Inde n’ont d’ailleurs pas tardé à approcher. « De notre point de vue, le feu n’est ni vert ni rouge », tempère le directeur de l’OMC, Pascal Lamy. Avant d’ajouter que la menace ne lui semble pas être le moyen le plus judicieux de parvenir à un accord global. Opinion partagée par la Grande-Bretagne.