Au lendemain du 1er « anniversaire » de la crise financière, la ministre de l’économie et des finances Christine Lagarde est venue en personne présenter un produit financier, « aux antipodes des pratiques qui ont conduit à la crise ». Le fonds de placement « CAAM AFD Avenirs durables », issus d’un partenariat entre l’agence française de développement (AFD) et le Crédit agricole asset mangement (CAAM) est en effet un fonds ISR dont l’objectif est de financer, sur le long terme, des projets contribuant au développement durable des pays en développement. Très loin, donc, du court-termisme et du rendement à tout prix. Si la performance financière fait bien entendu partie des objectifs de cet OPCVM, d’autres performances, sociales et environnementales, seront prises en compte dans les projets financés. Jean-Michel Séverino, président de l’AFD, y voit également un moyen de compléter l’aide au développement classique, certes nécessaire, mais qui ne répond pas aux besoins de financement des entrepreneurs privés des pays du Sud. « L’objectif est de permettre aux particuliers, en France, de se connecter avec des projets privés sur le terrain, qui n’ont pas accès à ces sources de financement, explique–t-il. Et ceci avec un rendement semblable à celui des produits standards du marché ». L’AFD apportera donc son expertise dans des projets liés à la lutte contre la pauvreté, le développement économique et la préservation de l’environnement. Elle gère déjà, en Afrique, le fonds FISEA (250 millions d’euros), consacré à l’investissement dans des entreprises situées dans des régions instables ou en sortie de crise, et qui se développent dans des secteurs peu aidés (agriculture, microfinance, énergies nouvelles, santé, éducation…). Le fonds a pour objectif de financer d’ici cinq ans une soixantaine de projets, et de créer plus de 100 000 emplois sur le continent africain.
Social business
Depuis plusieurs années, le Crédit Agricole est également engagé dans différents projets liés au micro-crédit et au « social business ». Il a fondé en février 2008 la « Grameen-Crédit Agricole Foundation » en partenariat avec Mohammad Yunus. Dotée de 50 millions d'euros, la fondation développe des projets de micro-crédit dans plusieurs pays en développement -Cambodge, Kosovo, Ethiopie, Egypte, Kenya, Tanzanie et Mali. La banque gère également le fonds « Danone Communities », dédié au « social business ». Ce fonds ISR, doté de 60 millions d'euros, investit 10% de son encours dans le développement d’entreprises à finalité sociale.
Premier gestionnaire de fonds ISR en France avec 10 milliards d’euros d’actifs, le Crédit agricole, via sa filiale CAAM, garantit donc la gestion du fonds « Avenirs durables » sur des critères sociaux, environnementaux et de gouvernance. Comme le soulignent les protagonistes, la stratégie du fonds est « prudente». 70% de la collecte (300 millions d’euros au total) seront investis dans des fonds monétaires et obligataires sur des critères développement durable. Les 30% restants seront orientés vers l’aide au développement avec 20% environ d’investissement en obligations émises par l’AFD (via sa filiale Proparco) et 10% sont dédiés au cofinancement de projets dans les pays en développement.