La Commission européenne vient d’annoncer son intention de soutenir l’interdiction du commerce international du thon rouge. Beaucoup s’en doutaient, c’est désormais officiel.
Le thon rouge se pêche principalement en Méditerranée. 80 % des récoltes sont ensuite expédiées au Japon, principal consommateur de l’espèce. Pour être transformé en sushi. Fort à parier que les Japonais ne verront pas d’un très bon œil cette interdiction de l’exportation. La pêche et le commerce restent en effet autorisés au niveau national, mais l’exportation se retrouve sous le coup d’une interdiction.
Cette décision capitale constitue un premier pas vers la victoire, mais le chemin reste long. La Commission doit maintenant faire approuver sa décision à une majorité d’Etats membres. La première réunion en ce sens aura lieu le 21 septembre prochain. En cas d’accord majoritaire, la position de la Commission deviendrait la position officielle de l’Union européenne.
Dans les faits, le but est d’inscrire le thon rouge à l’annexe I de la convention de la CITES, l’organe de l’ONU qui s’occupe du commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction. Et selon le WWF, qui milite activement pour une telle inscription, l’espèce pourrait disparaître d’ici 2012. « C’est l’ultime solution pour sauver cette espèce emblématique et la pêche artisanale qui en dépend », déclare non sans émotion James Leape, le directeur général du WWF.
La biodiversité prime-t-elle sur les profits ?
Mais si le sujet devrait logiquement rassembler, défense de la biodiversité oblige, les intérêts économiques prennent souvent le dessus. Si certains Etats ont officiellement annoncé leur soutien indéfectible à la cause des thons rouges, comme la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et les Pays-Bas, d’autres ne sont pas si prompts à rallier la cause. L’Italie, la Grèce et l’Espagne, qui pratiquent une pêche au thon intensive, voient leurs sources de revenus se tarir avec l’interdiction de l’exportation. Toutefois, la Commission ne ferme pas la porte des négociations. Si les pays concernés se réunissent pour définir des stratégies afin de préserver l’espèce, la Commission réfléchira à l’idée de revenir sur sa décision.
Et si l’espèce se voit inscrite à l’annexe I de la CITES, c’est pour lui permettre de renouveler sa population. « L’idée n’est pas d’interdire définitivement la pêche mais de la suspendre pendant deux ans par exemple pour permettre à l’espèce de se reconstituer », temporise une source proche du dossier, jointe par l’AFP. Et les pêcheurs seraient dédommagés. Bien que cette mesure drastique ne soit pas assurée de porter ses fruits, elle représente néanmoins une alternative raisonnable. Rappelons qu’au large de Terre Neuve, la morue, qui n’est plus pêchée depuis 1992, n’a toujours pas reconstitué ses stocks…