600 000. C'est le nombre d'emplois que devrait générer le Grenelle de l'Environnement d'ici 2020, d'après une étude du Boston Consulting Group, commandée par le ministère de l’écologie. Une prévision à peine plus optimiste que celle du gouvernement, qui vise les 535 000 créations ou maintiens de postes. Effectivement, pour remplir les objectifs nationaux et européens en matière de développement durable, il faudra faire appel à une nouvelle main d'œuvre qualifiée et spécialisée. Une nécessité que les acteurs de l'enseignement supérieur ont su anticiper, en proposant depuis quelques années des formations spécifiques. Mais ces nouveaux diplômes sont ils réellement un sésame pour entrer dans la vie active ?
Depuis octobre 2008, crise oblige, les offres d'emplois se font plus rares. D'après l'enquête « Besoin de main d'œuvre 2009 » du Pôle Emploi, seulement 16,9% des employeurs envisagent de recruter en 2009, contre 23,4% en 2008. Une tendance qui n'épargne pas les métiers de l'environnement, comme le confirme David Ascher, directeur de publication du site internet Emploi-Environnement. « Il y a un an, nous avions en permanence 1 200 offres d'emploi sur le site. Aujourd'hui, on atteint péniblement les 700. Mais c'est un phénomène conjoncturel, les offres repartiront, surtout dans le secteur des énergies renouvelables. » La crise économique est donc un frein, certes, mais un frein temporaire.
Les métiers de l'environnement promis à un bel avenir
Côté embauches, c'est effectivement le pilier environnemental du développement durable qui remporte la mise. Pour l'heure, le secteur des énergies renouvelables reste celui qui émet le plus d'offres d'emploi, notamment via la création de nombreuses éco-industries. Techniciens et ingénieurs issus de formations en la matière ont donc de grandes chances de trouver un poste. Colette Pilon, chargée de projet emploi dans le secteur Environnement de Pôle Emploi, observe toutes les tendances du marché : « aujourd'hui, les secteurs porteurs sont ceux de l'efficacité énergétique du bâtiment, de l'assainissement, ou encore du traitement des eaux. Des filières de recyclage se mettent en place, comme les DEEE (Déchets d'équipements électriques et électroniques, directive européenne de 2003). Elles seront très vite un véritable creuset d'emplois. Tout comme le secteur de la biomasse, encore en phase de développement, qui génèrera de l'emploi d'ici quelques mois, voire quelques années. Mais on voit aussi de plus en plus d'offres pour les éco-conseillers, et autres métiers dédiés à la pédagogie ».
Quant aux piliers sociaux et financiers du développement durable, s'ils suscitent moins de créations d'emplois, ils s'immiscent malgré tout dans les profils des postes concernés. Mais c’est plutôt via la formation continue que les responsables des ressources humaines ou les acteurs du secteur bancaire développent ces nouvelles compétences.
Qui embauche ?
Côté employeurs, les métiers de l'environnement sont surtout portés par les collectivités territoriales, chargées de respecter une législation de plus en plus précise. Mais les bureaux d'études et les grands groupes ne sont pas en reste. Les métiers de l'eau ou de l'efficacité énergétique du bâtiment sont par exemple davantage développés par les grands groupes, qui acquièrent une forte compétence interne en proposant des cycles de formation continue à leurs employés. Les pme sont pour leur part plus dynamiques dans le secteur des énergies renouvelables, soumis à une forte concurrence.
Le concept de développement durable est donc aujourd'hui perçu comme un modèle de développement économiquement viable. Mais pour Raphaël Romi, conseiller « Université 21 » à l'Université de Nantes et directeur du Master 2 « Droit de l'environnement », cette tendance se poursuivra sous deux conditions : « La polyvalence des diplômés deviendra une nécessité. Et au sortir de leur cursus, il leur faudra être malléable aux métiers. Donc, ils doivent être conscients que si ces secteurs ont l'avantage d'être dynamiques, cela induit aussi que leurs trajectoires professionnelles ne seront pas linéaires. Il faudra être capable d'évoluer, et de réagir aux exigences du moment.. Ils changeront peut être 2, 3 ou 4 fois de métier. »
3,4 millions : c'est le nombre d'emplois en Europe en lien direct avec les énergies renouvelables, le transport durable et l'efficacité énergétique, d'après le rapport Green Jobs for Europe du WWF Belgique.
7 millions : D'après le rapport « Green jobs: towards decent work in a sustainable, low carbon world » de l'ONU, le seul secteur des énergies renouvelables pourrait créer 7 millions d'emplois dans le monde, d'ici 2030.