« Ce n’est pas de notre faute. Nous sommes génétiquement prédestinés à prendre tous ces risques. » C’est ce que pourraient dire les banquiers au vu d’une étude américaine menée par des chercheurs de l’université de Northwestern et publiée dans Plos one, une revue scientifique en ligne. Lors de l’étude, 65 volontaires étaient appelés à prendre des décisions d’investissement plus ou moins risquées. Au terme de celle-ci leur salive était testée. Résultat : les personnes les plus aventureuses présentaient une version particulière de deux gènes, l’un régulant la dopamine, l’autre la sérotonine, deux hormones connues pour jouer un rôle dans l’addiction et l’émotion. En fait, les personnes présentant l’allèle “7-repeat” du gène du récepteur dopaminique DRD4 et celles dotées d’un gène du transporteur de la sérotonine SHTTLPR présentant un allèle long étaient plus susceptibles de sauter à pieds joints vers l’aventure. Une découverte à relativiser, précisent néanmoins les chercheurs. Car seuls 30% des variations dans la prise de risques sont à mettre au compte de facteurs génétiques. Le reste tient de l’expérience et de l’éducation.
Fort taux de testostérone
Alors innocents les banquiers ? Pas vraiment. « Notre corps a un impact énorme sur nos décisions. Les gènes et les hormones peuvent nous influencer. Mais ils ne sont pas les facteurs d’influence uniques ou même les plus importants. Ils ne prennent pas le pas sur notre sens commun. Quand les bulles spéculatives se forment et que les gens prennent des décisions idiotes, ce n’est pas le fait de deux ou trois personnes et de leurs gènes », a souligné John Coates, au micro de la BBC. Ex-trader reconverti scientifique, l’homme étudie le lien entre les hormones et la prise de risques financière à l’université de Cambridge. Selon ses propres travaux, un fort taux de testotérone pourrait être à l’origine de la prise de risques. « Si c’est vrai, la réponse serait d’avoir plus de femmes et d’hommes âgés aux manettes du marché. »