Le candidat Obama, tout en charme et lyrisme lors de ses tournées électorales, a laissé place, mardi 20 janvier, à un personnage de président tout en sérieux. Distillant un discours à la fois mobilisateur et très ancré dans la fidélité aux valeurs qui ont façonné l’Amérique, le nouvel occupant de la Maison Blanche n’est pas rentré outre mesure dans les détails de sa politique, bouclant son speech en 21 minutes. Si certains commentateurs parlent d’un discours froid, d’autres y voient un prêche revigorant.
Comme si la 1ère puissance mondiale avait passé l’âge des enfantillages, Obama a appelé de ses vœux l’avènement d’une "ère de la responsabilité". Or cette "entrée dans l’âge d’homme" est sans nul doute le signe avant-coureur d’un plus fort engagement international des États-Unis sur les questions climatiques. America is back ! C’est tout naturellement que cette dernière travaillera donc "sans relâche, avec de vieux amis et d’anciens ennemis, pour réduire la menace nucléaire et faire reculer le spectre du réchauffement de la planète." Associant gravité de la situation sociale et absence de soutenabilité du modèle de développement, le nouveau président n’a pas manqué de dresser un constat d’échec de la politique de son prédécesseur : "Chaque jour apporte la preuve que notre mode de consommation de l’énergie renforce NOS adversaires et menace notre planète".
Réinventer un "mix" énergétique
Faisant écho à ses promesses de campagne , qui tablent sur la création de 5 millions de "green jobs" et 150 milliards de dollars d’investissements sur 10 ans dans les énergies propres, Barack Obama n’a pas eu peur d’avancer, Prométhée moderne : "Nous maîtriserons le soleil et les vents pour alimenter nos voitures et faire tourner nos usines". Rappelons qu’à l’HORIZON 2015 l’homme vise 1 million de véhicules hybrides sur les routes, et 10% de la production d’électricité issue des énergies renouvelables pour 2012, 25% pour 2015.
De telles phrases, parsemées le long du discours, font dire à la bloggeuse Keith Johnson, qu’il s’agit bien de la 1ère fois que l’énergie et les préoccupations environnementales s’invitent aussi fortement à la Maison Blanche. Ce ne sont pas les équipes mises en place par Obama qui démontreront le contraire.
Résistances
Autre élément à l’actif de Barack Obama : il s’était prononcé pour un plafonnement contraignant des émissions de gaz à effet de serre par la mise en place d’un marché des droits d’émission dit "cap and trade". Ce mécanisme, qui pénalise les industries les plus polluantes et récompense les plus vertes, permettrait de réduire les émissions de CO2 de 80% d’ici 2050. Mais attention, pour cause de récession, ces mesures de réduction des gaz à effet de serre, coûteuses pour l’économie, pourraient bien rencontrer des résistance au Congrès, dans la minorité républicaine comme dans les rangs de démocrates majoritaires.