Pour ce nouvel Expresso Eco, Thomas Blard s’intéresse au débat actuel sur la légalisation du cannabis. L’occasion de revenir sur les débats idéologiques de la classe politique française des dernières années. « Faut-il légaliser le cannabis ? Le débat revient régulièrement sur la table. Au delà de la réponse « oui ou non », ce qui est intéressant, c’est ce qu’il révèle de notre classe politique française. Tout d’abord, un mépris des faits. Car il n’est pas très difficile de regarder ceux qui l’ont fait pour constater si ça marche ou pas. Il n’y a qu’à aller en Hollande, où l’expérience n’est pas très concluante ; en tout cas aux dires des observateurs qui constatent une dérive vers les drogues de plus en plus dures pour les consommateurs (certains) de cannabis. Donc la classe politique, et c’est fâcheux, a tendance à occulter les faits et résonner de façon idéologique. Deuxième point symptomatique de la classe politique française : ses contradictions. La gauche est pour la libéralisation du cannabis, le mariage homosexuel, le droit à l’avortement… plein de libertés dans le domaine social. Oui mais là où ça se complique, c’est que dans le domine économique, c’est tout le contraire. Les trente-cinq heures, la retraite à soixante ans, le droit de licenciement… tout doit être verrouillé, structuré, réglementé. Et à droite c’est tout le contraire, la liberté sur le modèle économique, le libéralisme, et dans le domaine social, c’est un peu plus frileux et compliqué. Ce qui m’étonne, dans tout ça, c’est qu’il n’y a pas en France, de parti pour la liberté, y compris, dans le domaine social et économique, et puis à l’inverse, un parti conservateur, dans le domaine social et économique. Non, les cartes sont mêlées, brouillées, et du coup, on est en tant que citoyen schizophrène. Peut-on être libre le jour et enfermé la nuit, ou le contraire ? Ca n’est pas très clair, et ça n’est pas sûr que cela facilite le débat démocratique. » Share