La présidente du groupe horloger Swatch, Nayla Hayek, a salué jeudi la décision prise par la Banque centrale suisse de fixer un taux de change plancher de 1,20 franc pour 1 euro, indiquant toutefois qu'elle aurait préféré "un taux plus élevé", dans un entretien au journal Le Matin.
"Il faut saluer la décision de la Banque nationale suisse (BNS, banque centrale), quand elle fixe le plancher de l'euro à 1,20 francs suisses", a-t-elle indiqué.
Mais "nous aurions souhaité un taux plus élevé", a poursuivi Mme Hayek.
Elle a estimé qu'un affaiblissement supplémentaire de la monnaie helvétique permettrait à la Confédération de "conserver les entreprises chez nous".
"Produire en Suisse devient trop cher pour certains entrepreneurs et le risque est grand de voir notre pays perdre ses usines", a-t-elle expliqué.
Ces propos interviennent alors que la cherté du franc, qui pèse sur les exportations des entreprises helvétiques, a poussé certaines d'entre-elles à annoncer des licenciements et des délocalisations.
C'est le cas par exemple de Huber+Suhner (connecteurs électriques), cotée à la Bourse suisse, qui a annoncé la semaine dernière la délocalisation de 80 emplois en Pologne et en Tunisie en raison de la force de la monnaie helvétique qui rend ses produits moins compétitive.
Pour sa part, Swatch ne souhaite pas délocaliser sa production. "Jamais! Nous voulons des usines et des produits suisses", a affirmé Mme Hayek, faisant valoir son attachement au "Swiss made".
Malgré l'appréciation de la monnaie helvétique, l'industrie helvétique continue pour l'instant à s'en sortir. Les exportations horlogères suisses ont poursuivi sur leur lancée en septembre, selon les dernières statistiques de la Fédération horlogère qui s'attend à une nouvelle année record en 2011.
L'envolée du franc suisse s'explique par le rôle de valeur refuge qu'a toujours joué la devise helvétique en temps de crise. Face aux difficultés économiques dans la zone euro et aux Etats-Unis, les investisseurs se sont rués en masse sur le franc suisse.
Pressée d'agir, la BNS a décidé début septembre de fixer un taux plancher à sa devise de 1,20 franc suisse pour un euro, un niveau que l'institut d'émission n'a pas officiellement l'intention de relever.
Les marchés font cependant régulièrement état de rumeurs quant à un relèvement de ce taux plancher.