A la veille d'un sommet européen crucial, Silvio Berlusconi tentait toujours mardi de convaincre son allié de la Ligue du Nord de réformer les retraites pour apporter une réponse convaincante à Bruxelles, et de premiers signes d'ouverture du parti populiste émergeaient.
Mis au pied du mur dimanche par ses partenaires européens qui lui ont demandé d'arriver mercredi avec des engagements en matière de réformes structurelles et d'assainissement des finances publiques, le chef du gouvernement italien avait promis de réformer les retraites en relevant l'âge de départ.
Mais son allié clé de la Ligue du Nord est opposé à toute réforme d'ampleur sur ce front car il estime que les retraités italiens "ont déjà donné" puisque le système, qui est bénéficiaire, a déjà été réformé en profondeur ces dernières années.
Alors qu'un conseil des ministres convoqué lundi soir s'est achevé sans qu'aucune décision ne soit prise, les négociations se sont poursuivies mardi, le Cavaliere tentant d'arracher au moins quelques concessions à la Ligue.
En sortant de la rencontre au sommet organisée dans l'hôtel particulier de M. Berlusconi à Rome, Silvano Moffa, dirigeant d'une frange de la majorité, a assuré que la Ligue était "ouverte" à la discussion et que M. Berlusconi enverrait dans la soirée une lettre à Bruxelles avec des projets de réformes.
Selon des observateurs, le Cavaliere pourrait parvenir à un accord a minima avec la Ligue sur quelques mesures réformant à la marge le système italien.
N'excluant pas une crise gouvernementale, le chef de la Ligue du nord, Umberto Bossi a jugé la situation politique "très périlleuse", tout en se disant ouvert à des tractations.
"Je vais regarder les propositions qu'on me fera toute à l'heure", a-t-il assuré, même s'il a qualifié de "très difficile" un accord sur les retraites.
M. Bossi campe en effet sur son refus d'augmenter de 65 à 67 ans l'âge des "pensions de vieillesse" et d'effectuer une réforme d'ampleur des "pensions d'ancienneté" qui permettent actuellement de partir à 60 ans avec 36 ans de cotisations et à n'importe quel âge à partir de 40 ans de cotisations.
Le système italien est basé sur ces deux types de retraites. Les retraites à l'ancienneté bénéficient en majeure partie aux salariés du nord industriel, où la Ligue a son fief électoral.
Les trois grands syndicats italiens sont eux aussi opposés à une nouvelle réforme des retraites.
Accord sur les retraites ou pas, M. Berlusconi devrait s'engager mercredi auprès de l'UE à intervenir sur la libéralisation des professions, la simplification de l'administration ou la cession d'actifs publics, des mesures promises depuis cet été mais qui n'ont toujours pas été adoptées en raison des divisions de la majorité.
Malgré l'adoption cet été de mesures d'austérité draconiennes censées permettre au pays de parvenir à l'équilibre budgétaire dès 2013, l'Italie ne parvient toujours pas à rassurer les marchés qui doutent de la crédibilité du gouvernement et craignent qu'il n'atteigne pas ses objectifs de réduction du déficit en raison de sombres perspectives de croissance.
Outre les retraites, l'Europe exige des réformes structurelles du marché du travail ou du cadre législatif pour les entreprises afin de renforcer le potentiel de croissance et éviter que l'Italie ne soit la prochaine victime de la crise de la dette, ce qui mettrait en péril l'ensemble de la zone euro.
Parallèlement, l'UE réfléchit, selon des sources diplomatiques, à l'option de soutenir la péninsule en rachetant, via son Fonds de secours, de la dette italienne sur le marché pour que le pays puisse se financer à des taux raisonnables, une tâche qui incombe actuellement à la Banque centrale européenne (BCE).