La nouvelle offre d'EDF lundi aux actionnaires italiens d'Edison pour prendre le contrôle du numéro 2 italien de l'électricité a été rapidement jugée "irrecevable" à Milan, à une semaine seulement de la date-butoir pour un accord.
"C'est une proposition irrecevable", a déclaré Graziano Tarantini, le président du conseil de surveillance du groupe d'énergie A2A et chef de file des actionnaires italiens d'Edison.
"Nous ne pouvons pas brader" Edison, a insisté le patron italien, qui veut "repartir" du projet d'accord auquel les actionnaires italiens et EDF étaient parvenus en mars et "l'améliorer".
EDF espérait pourtant avec sa nouvelle proposition être parvenu à "l'intersection" des demandes de toutes les parties et dessiner les "grandes lignes" d'un accord avant lundi prochain, avait expliqué un peu plus tôt son directeur financier Thomas Piquemal lors d'une conférence téléphonique.
Le géant français de l'électricité offrait notamment d'attendre trois ans avant de grimper à 80% au capital d'Edison, contre un peu moins de 50% actuellement. Intérêt italien selon le groupe français: bénéficier de meilleures conditions qu'aujourd'hui, où la Bourse est "déprimée".
EDF n'a néanmoins pas officiellement avancé de prix, se contentant d'une valorisation dans trois ans basée sur les résultats financiers d'Edison.
Le numéro 2 italien de l'électricité, à la structure d'actionnaires complexe, est contrôlé à 61,3% par Transalpina di Energia, une coentreprise à 50-50 entre EDF et Delmi, la société rassemblant les actionnaires italiens menés par A2A. EDF détient par ailleurs directement 19,3% d'Edison.
EDF proposait également des échanges d'actifs: il prendrait les 30% détenus par A2A et l'électricien Iren dans Edipower (dont Edison contrôle déjà 50%) contre la totalité du capital d'Edens, la filiale d'Edison spécialisée dans les énergies renouvelables. En laissant également aux deux actionnaires la possibilité de racheter une centrale hydroélectrique à Mese, dans le nord de l'Italie.
Afin de lever les réticences italiennes, EDF assurait aussi qu'il préserverait "l'identité italienne d'Edison au travers du maintien de son siège et de sa cotation à Milan et d'une forte base actionnariale italienne".
Enfin, Edison ferait office de "plateforme" de développement pour EDF en Méditerranée et dans l'amont gazier.
Seule demande française: une exemption de lancement d'une offre publique obligatoire sur le reste du capital d'Edison.
Le marché s'était immédiatement montré déçu: à la Bourse de Milan, Edison a perdu 5,96% à la clôture, à 0,884 euro, tandis qu'A2A a reculé de 1,99%. EDF a lui gagné 1,58% à Paris.
La presse italienne avait en effet bruissé ces derniers jours d'offres à 1,30 ou 1,50 euro par action Edison, soit des primes de 30% à 50% sur le cours de Bourse du groupe, valorisé autour de 4,9 milliards d'euros au cours actuel.
"Je comprends que les manipulateurs et les spéculateurs soient déçus" de l'offre d'EDF, avait lâché M. Piquemal, en indiquant que son groupe allait demander une enquête à l'autorité boursière italienne sur les rumeurs.
En cas de rejet de la nouvelle offre, un accord sur la base des termes du mois de mars est toujours possible, a-t-il souligné avant même le "no" d'A2A.
EDF et ses coactionnaires étaient en effet dès mars parvenus à un projet d'accord mais le ministre de l'Economie Giulio Tremonti l'avait bloqué afin de défendre l'"italianité" d'Edison, après la controverse suscitée dans la péninsule par le rachat de Parmalat par Lactalis.
L'échéance des négociations, initialement fixée au 15 mars puis au 15 septembre, a été repoussée au 31 octobre, une date à laquelle, si aucun accord n'est trouvé, les actions Edison détenues par Transalpina di Energia seront cédées lors d'une mise aux enchères.