Après une semaine éprouvante, la Bourse de Paris s'apprête à vivre de nouvelles séances agitées dès lundi, avec deux sommets à Bruxelles et avant le G20, dans un marché qui va évoluer au rythme des annonces et des spéculations sur l'avenir de la zone euro.
D'un vendredi à l'autre, l'indice parisien a perdu 1,4% pour s'inscrire à 3.171,34 points, signant sa première baisse hebdomadaire après quatre semaines de hausse d'affilée. Depuis le 1er janvier, la cote a perdu 16,65%.
Les doutes ont recommencé à envahir les investisseurs au fur et à mesure que les dissensions entre dirigeants européens s'élargissaient sur les solutions à adopter pour endiguer la crise financière.
L'approche des sommets à Bruxelles (dimanche et mercredi) et de celui du G20 (les 3 et 4 novembre) qualifiés de cruciaux pour l'avenir de la zone euro, ont provoqué une très grande volatilité sur le marché et un sursaut vendredi, où la cote a pris 2,83%.
Réunion de tous les dangers, rencontre de la dernière chance pour les marchés, dirigeants européens face à leur responsabilité: les commentaires des investisseurs témoignent de l'importance qu'ils accordent aux prochaines réunions internationales. Ils espèrent des décisions claires pour mettre un terme à la crise dans laquelle l'Europe se débat depuis deux ans.
Les mesures attendues sont essentielles pour les marchés car elles doivent permettre de briser le cercle vicieux d'incertitudes, réduire les risques sur les banques et rétablir la confiance.
Trois thèmes principaux se dégagent sur lesquels les investisseurs attendent une réponse: le pourcentage de décote de la dette grecque, les modalités de recapitalisation des banques pour faire face aux pertes à la suite de la crise grecque et le montant du renflouement du fonds de secours européen afin qu'il soit capable de venir en aide aux pays en difficultés dans la zone euro.
"Les Européens se doivent de donner une réponse sur ces trois thèmes", pour Franklin Pichard, directeur de Barclays Bourse.
"Les places boursières ont besoin de cohésion et clarté", notent les analystes de Saxo Banque.
Face à cette pression des marchés, il semble peu réaliste que les dirigeants politiques n'aient pas des réponses satisfaisantes. Mais les turbulences risquent de durer encore longtemps, craint-on dans les salles de marché.
"Elles vont encore se poursuivre au moins jusqu'après le G20 car tant que des décisions claires ne seront pas prises, les marchés seront incapables de prendre des positions stables", a souligné M. Pichard.
"Et même après, le chemin de sortie de crise pour les Européens sera très long car il suppose que les Etats regagnent la confiance des investisseurs", renchérissent les analystes du CM-CIC.
Le drame des marchés est que cette crise de la dette revêt actuellement un aspect politique, impossible à maîtriser et surtout à prévoir.
"Les solutions économiques les plus plausibles sont souvent inacceptables sur le plan politique", font remarquer les économistes de chez Dexia Asset Management. "L'Europe doit faire le choix entre plusieurs mauvaises options, certaines étant pires que d'autres", estiment-ils.
Trouver une solution est urgent, soulignent les boursiers, car les conséquences de cette crise se font déjà sentir sur les entreprises et leur capacité à se financer. Des entreprises commencent à être en panne d'investissement du fait de la prudence des banques à prêter, fait remarquer M. Pichard.
Les yeux rivés sur l'Europe, les investisseurs ont finalement fait peu cas des publications trimestrielles. Des deux côtés de l'Atlantique, les résultats sont en demi-teinte et plusieurs sociétés ont reconnu que leurs objectifs étaient exagérément optimistes.
Sur le plan macroéconomique les dernières statistiques, pourtant plus rassurantes venant des Etats-Unis, n'ont pas permis d'amortir le choc de la crise de confiance sur l'Europe.
Plusieurs indicateurs sont attendus la semaine prochaine, dont des statistiques sur le logement aux Etats-Unis et sur la confiance des consommateurs en France.