La Bourse de Paris a terminé en baisse de 1,61% lundi, les investisseurs se mettant à douter d'une rapide sortie de crise en zone euro après des propos peu encourageants des dirigeants allemands.
Après avoir ouvert en hausse dans le sillage de la réunion, ce week-end, des ministres des Finances du G20, la tendance s'est retournée en début d'après-midi. A la clôture, le CAC 40 a cédé 51,83 points à 3.166,06 points dans un volume d'échanges assez peu fourni de 3,146 milliards d'euros.
La méfiance a prévalu sur l'ensemble des places européennes. Francfort a perdu 1,81%, Londres 0,54% et l'Eurostoxx 50 1,68%.
"Le marché avait repris 15% depuis son point bas du 5 octobre, uniquement sur des espoirs de solution rapide à la question grecque. Il déchante aujourd'hui", a constaté Renaud Murail, gérant d'actions chez Barclays Bourse.
Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble a affirmé qu'il ne fallait pas s'attendre à "une solution définitive" à la crise de la dette qui pèse sur l'Union monétaire depuis plusieurs mois lors du sommet européen du 23 octobre, pourtant décisif aux yeux des investisseurs.
"Les rêves de voir la crise terminée dès lundi ne pourront pas se réaliser", a confirmé la chancelière Angela Merkel.
"Ces déclarations sont-elles destinées à faire pression sur la France --pour que celle-ci fasse des concessions sur le fonds européen de stabilité financière (FESF) notamment-- ou à mettre en avant la cacophonie qui perdure entre les dirigeants politiques ?", s'interroge M. Murail.
Les déclarations des Européens "restent de beaux principes" et le "manque cruel de précisions sur les moyens de les mettre en oeuvre" crispe les opérateurs, déplorent les stratégistes du Crédit Mutuel-CIC.
Trois grandes inconnues pèsent encore: l'étendue de la future décote appliquée à la dette grecque, l'ampleur de la recapitalisation des banques européennes et la force de frappe totale que pourra exercer le FESF.
Les statistiques américaines, globalement décevantes, ont peu joué sur la tendance de la journée.
L'activité manufacturière de la région de New York a notamment reculé pour le cinquième mois d'affilée, ressortant bien en-deçà des attentes.
Du côté des valeurs, le secteur bancaire a été victime des atermoiements des dirigeants politiques sur la crise de la dette.
BNP Paribas a cédé 3,72% à 31,05 euros, également affecté par la dégradation vendredi de sa note par l'agence d'évaluation financière Standard and Poor's. Société Générale a perdu 2,81% à 20,25 euros et Crédit Agricole 2,16% à 5,08 euros. Hors CAC 40, Dexia a enregistré le plus fort recul de l'indice SBF 120, sur fond d'inquiétudes sur le sort d'un de ses actionnaires, l'instance représentant les collectivités belges, le holding Communal.
Le secteur pétrolier et parapétrolier a limité ses pertes grâce au cours soutenu du pétrole et aux bons résultats de l'américain Halliburton. Total, première capitalisation du CAC 40, a cédé 0,44% à 37,05 euros tandis que Technip a terminé à l'équilibre (-0,09% à 64,97 euros).
A l'inverse de la tendance, L'Oréal s'est adjugé 1,20% à 79,44 euros après l'annonce d'une mise sous tutelle de Liliane Bettencourt, héritière du fondateur du groupe et propriétaire de 30% des titres de l'entreprise.
Air-France KLM a pris 1,43% à 5,61 euros, le marché s'attendant avec le départ de l'actuel PDG, Pierre-Henri Gourgeon, et la mise en place d'une nouvelle direction à des mesures structurelles pour réduire les coûts de fonctionnement de la compagnie.
Manutan a progressé de 3,01% à 40,79 euros. Le groupe de vente à distance d'équipements industriels et de bureau a publié un chiffre d'affaires en hausse de 4,4% sur un an, malgré les déboires persistants de sa filiale Camif Collectivités.