L'Office national des forêts (ONF) s'est jusqu'au bout opposé à la cession de l'hippodrome de Compiègne (Oise) en mars 2010, en refusant de signer l'acte de cette vente qui est l'objet d'une enquête pour "prise illégale d'intérêts" visant l'ex-ministre du Budget Eric Woerth.
Entendu le 10 juin par la brigade financière, Bernard Gamblin, un responsable de l'ONF, s'est dit surpris que Bercy ait accepté de vendre ce terrain de gré à gré à la Société des Courses de Compiègne (SCC).
"J'ai été étonné, notamment au regard de la rapidité de l'acquisition et au non-respect de la procédure d'appel d'offres", a indiqué le directeur technique et commercial bois de l'ONF, selon le procès-verbal de son audition, que l'AFP a pu consulter.
"J'ai d'ailleurs refusé de signer l'acte de vente qui ne me paraissait pas répondre complètement au déroulé normal de la procédure. Tous les collaborateurs ONF ont d'ailleurs refusé de signer alors que classiquement la vente de foncier de l'Etat est toujours co-signée de l'ONF", a affirmé ce cadre de 61 ans, salarié de l'Office depuis 1975.
Maire de Chantilly (Oise), M. Woerth est soupçonné d'avoir bradé pour 2,5 millions d'euros, lorsqu'il était ministre du Budget, cette parcelle de la forêt domaniale de Compiègne comportant un hippodrome et un golf.
Pour l'avocat de l'ancien ministre, Jean-Yves Leborgne, la signature de l'ONF n'était pas nécessaire dès lors que son autorité de tutelle, le ministère de l'Agriculture, avait finalement apporté son soutien à cette transaction.
Mais pour les parties civiles, l'absence de feu vert de l'établissement gérant les forêts publiques est un élément de plus pour caractériser l'irrégularité de cette vente.