Petite, robuste et pas trop chère: pendant de nombreuses années, la "voiture populaire" a dominé le marché automobile brésilien, mais elle cède peu à peu du terrain face à des modèles moins rustiques répondant mieux aux aspirations des consommateurs.
Apparues au début des années 1990 sous l'impulsion du gouvernement, les "carros populares" (voitures populaires) avec un moteur d'un litre ont connu un essor fulgurant grâce à un taux d'imposition réduit et un prix de vente relativement bas. Elles ont contribué à l'augmentation du parc automobile brésilien, jusqu'à représenter 71% des 1,3 million d'unités immatriculées en 2001.
Ceci a donné naissance à des modèles spécialement créés pour le marché brésilien, comme les petites Gol de l'allemand Volkswagen ou encore la Mille Uno chez l'italien Fiat.
Encore aujourd'hui, ces petites citadines sont en tête des meilleures ventes. Elles sont en effet plébiscitées par la classe moyenne, en plein développement et représentant aujourd'hui la moitié des 190 millions d'habitants de ce pays où la flotte est estimée à 30 millions d'unités seulement.
Mais avec la hausse des revenus de ces ménages, compris entre 500 et 2.000 euros par mois, et le recours massif au crédit, "l'automobile est un produit en cours de démocratisation lente", explique Alain Tissier, vice-président de Renault Brésil.
Ces nouveaux clients, dont certains possédaient déjà une voiture d'occasion, sont très exigeants. "Ils ont internet et vont regarder ce qui existe, comparer, négocier", raconte M. Tissier.
Ils vont aussi vouloir de meilleurs équipements car "ils n'acceptent plus d'être en retard sur le reste du monde", selon Maristela Castanho, directrice du produit pour la région Amériques chez Renault. "Ils sont aussi très attachés aux marques", ajoute-t-elle.
Leur haut niveau d'exigence s'explique aussi par le prix élevé des voitures au Brésil, la moins chère coûtant autour de 23.000 reais, soit 9.800 euros.
Petit à petit, les "carros populares" voient leur part diminuer, ne représentant plus l'an dernier que la moitié des immatriculations, au profit de modèles plus gros et plus puissants.
"Le Brésil a connu une forte croissance économique, avec une progression très nette du pouvoir d'achat, ce qui se traduit par une montée en gamme en terme d'achat de voiture", fait savoir Yann Lacroix, analyste chez Euler Hermes à Paris.
"La voiture reste un élément de construction symbolique de la personne", permettant d'afficher son statut et sa réussite, renchérit Carlos Gomes, directeur général pour l'Amérique latine chez le constructeur français PSA Peugeot Citroën. D'où le succès des SUV et des 4x4.
Les Brésiliens les plus aisés "veulent du haut-de-gamme européen", ajoute M. Lacroix. Résultat, les ventes de modèles "premium" en provenance d'Europe ou du Japon ont bondi de 150.000 en 2006 à 670.000 l'an dernier, selon le cabinet de consultants allemand Roland Berger. Et les ventes pourraient atteindre le million dès 2014, malgré le prix élevé de ces automobiles d'importation qui sont lourdement taxées.
Une manne qui incite leurs fabricants à se poser la question de leur installation sur le sol brésilien. L'allemand BMW doit ainsi décider d'ici à la fin de l'année s'il investit dans une usine.