La Bourse de Paris était en forte hausse (+2,08%) jeudi en fin de matinée sur des anticipations d'un renflouement public urgent des banques européennes et de mesures imminentes de la Banque centrale européenne pour les aider à résister à la crise de la dette en zone euro.
A 12H10 (10H10 GMT), le CAC 40 gagnait 61,74 points à 3.035,64 points, avec un fort intérêt pour les titres du secteur bancaire. BNP Paribas gagnait 6,39% à 31,37 euros, Société générale 4,85% à 20,55 euros et Credit Agricole 3,52% à 5,34 euros.
Seule fausse note: le titre de la banque franco-belge Dexia, en cours de démantèlement, chutait de 10,87% à 0,97 euro, après que trois régions de Belgique ont présenté un plan prévoyant le détachement de la branche belge ("spin-off"), selon le quotidien économique belge L'Echo.
Depuis l'ouverture, la place parisienne évolue dans le vert. Elle a même gagné plus de 2,50%, avant de battre en retrait.
"L'Europe est en train de montrer que les Etats sont prêts à intervenir pour renflouer les banques qui en ont besoin", a expliqué à l'AFP Yves Marçais, opérateur chez Global Equities.
"Nous proposons désormais aux Etats membres (de l'UE) de mener une action coordonnée pour recapitaliser les banques, et se débarrasser des actifs toxiques qu'elles peuvent détenir", a déclaré jeudi le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, dans un entretien à la chaîne de télévision Euronews.
Cette idée, longtemps rejetée par les dirigeants politiques de la zone euro, a gagné en épaisseur mercredi avec le soutien de la chancelière allemande Angela Merkel.
Mme Merkel a jugé "justifié" de recapitaliser les banques européennes qui en ont besoin, en soulignant que le "temps pressait" et que son pays était prêt à le faire "si nécessaire".
Le Fonds monétaire international (FMI) a, lui, concrètement suggéré mercredi d'injecter entre 100 et 200 milliards d'euros dans les plus grandes banques européennes pour stabiliser le secteur.
Les difficultés de la banque franco-belge Dexia, premier établissement victime de la crise de la dette en Europe, ont sonné l'alarme.
De manière générale, les banques européennes sont de plus en plus réticentes à se prêter de l'argent entre elles. Et leurs concurrentes américaines fuient la zone euro.
Les investisseurs anticipent aussi des mesures de soutien de la Banque centrale européenne (BCE) aux banques à l'issue à 13H45 de sa réunion monétaire ce jour. C'est la dernière sous la présidence de Jean-Claude Trichet, dont le mandat de huit ans à la tête de la BCE s'achève le 31 octobre.
La BCE, qui a relevé son taux directeur deux fois cette année par crainte de l'inflation, pourrait cette fois annoncer une baisse pour soutenir l'économie en pleine crise de la zone euro.
"Nous attendons des annonces fortes pour soutenir le système bancaire qui s'est nettement fragilisé (...). Il est important que la BCE délivre un message de soutien inconditionnel pour les banques à travers des octrois massifs de liquidités", renchérissent les analystes de CM CIC. Ils citent par exemple l'ouverture de nouvelles lignes de refinancement auprès de la BCE.
Yves Marçais appelle toutefois à la prudence car la crise de confiance entre les banques a atteint, selon lui, le niveau de la crise financière de 2008.
"La BCE a signalé ce matin que les banques ont placé auprès d'elle 213 milliards d'euros, ce sont des niveaux de 2008, c'est-à-dire que la crise des liquidités est à son paraoxysme", prévient-il.
Hormis les banques, d'autres valeurs se distinguaient. C'est le cas de Michelin, qui prenait 2,19% à 44,57 euros, alors qu'il a annoncé maintenir ses objectifs pour 2011, malgré un ralentissement de l'activité au second semestre. Quant à Eurofins Scientific, le titre s'envolait de 9,02% à 58,99 euros. Le groupe d'analyse scientifique a relevé ses objectifs annuels et table sur un chiffre d'affaires au-dessus des 800 millions d'euros.
Enfin, l'action du groupe de services Veolia Environnement s'appréciait de 2,78% à 10,71 euros. Il envisage de céder ses filiales Proxiserve (entretien des équipements de chauffage et distribution d'eau) et Doméo (contrats d'assurance liés à l'habitat).