L'Insee a revu en nette baisse à 1,7% contre 2,1% sa prévision de croissance en 2011 en France, à la suite d'une forte détérioration cet été du climat des affaires, assombri par la crise des dettes souveraines, de mauvais chiffres américains et la chute des marchés boursiers.
"Au cours de l'été 2011, le climat conjoncturel s'est nettement détérioré dans l'ensemble des économies avancées", déjà ralenties au printemps par les effets du séisme au Japon et la hausse des prix des matières premières, commente l'Insee dans son point de conjoncture d'octobre rendu public jeudi.
L'Institut national de la statistique et des études économiques table ainsi en France sur un rebond de 0,3% seulement au troisième trimestre après la stagnation constatée sur les trois mois précédents, suivi d'un retour à une croissance nulle en fin d'année.
Dans sa note conjoncturelle de juin, il s'attendait encore à des taux d'expansion du Produit intérieur brut (PIB) de 0,5% pour chacun des deux derniers trimestres.
Ce retournement est dû à "un regain d'incertitude" provoqué par la crise de la dette et par les doutes sur la capacité de rebond de l'économie américaine, note l'Insee. Des incertitudes qui ont entraîné une chute très importante des bourses mondiales et dissuadé les chefs d'entreprises de prendre des risques.
La prévision pour l'année reste néanmoins proche de l'objectif de 1,75% du gouvernement pour 2011, inscrit dans le projet de budget 2012 et déterminant dans l'élaboration du budget et l'évaluation des déficits et de la dette.
La différence de 0,05 point de pourcentage est rendue moins significative par le fait que les objectifs du gouvernement n'évoluent que par degrés de 0,25 point.
La zone euro reste très hétérogène, France et Allemagne devant se maintenir dans le vert au second semestre, tandis que l'Italie et l'Espagne entreraient en récession. Avec une croissance prévue de 2,9% en 2011, l'Allemagne devrait même retrouver son niveau de PIB en volume d'avant la crise mondiale.
"En France, le climat des affaires s'est depuis juin sensiblement dégradé dans l'industrie, les services et le commerce, et les indicateurs disponibles en septembre signalent tous un retournement de conjoncture", commente l'Insee.
L'investissement des entreprises serait ainsi peu dynamique d'ici la fin de l'année.
La contribution du commerce extérieur à la croissance devrait être négative sur 2011, la demande intérieure étant le moteur de la hausse du PIB à hauteur de 1,3 point de pourcentage. La consommation des ménages devrait rebondir au second semestre sans compenser totalement le recul du deuxième trimestre.
Alors que sous l'effet d'une croissance vigoureuse de 0,9% au premier trimestre, 112.000 emplois nets avaient été créés de janvier à juin dans le secteur marchand non agricole, seuls 24.000 créations nettes sont attendues au second semestre.
Le taux de chômage devrait progresser légèrement pour atteindre 9,2% au quatrième trimestre contre 9,1% au deuxième (hors Dom).
Un pic d'inflation annuelle de 2,5% est prévu en octobre avant un ralentissement à 2,3% en décembre. L'accélération du revenu disponible brut des ménages en 2011 (+3,5% après 2,0%) serait en partie contrebalancée par le regain d'inflation. Leur pouvoir d'achat progresserait de 1,3% en 2011 après 0,8% en 2010.
L'Insee met en garde contre le "risque de restrictions très fortes du crédit" qui entraîneraient un ralentissement de la demande dans les pays avancés plus marqué que prévu par son scénario. A l'inverse, "la mise en oeuvre par les pays concernés de mesures susceptibles de rassurer les marchés sur la solidité du système financier mondial pourrait avoir un effet favorable sur les anticipations".