La France et la Belgique, co-actionnaires de Dexia, semblent déterminées à agir vite pour dépecer la banque, une nouvelle fois au bord de la faillite, tout en s'efforçant de rassurer les marchés sur le coût de ce sauvetage en pleine crise de la dette.
Le ministre français de l'Economie François Baroin a confirmé mercredi que le démantèlement de la banque franco-belge était en marche, précisant que pour la partie collectivités locales, celle qui inquiète le plus les élus locaux, une "réponse très importante" serait apportée dès jeudi.
Il a reconnu que "la piste la plus sérieuse" passait par la Caisse des dépôts (CDC) et la Banque Postale, qui se substitueraient à Dexia pour prêter aux collectivités.
Quant aux garanties apportées par les deux Etats, M. Baroin a précisé qu'elles ne porteraient pas sur les actifs de la banque, comme imaginé initialement, mais sur son financement.
En pleine crise de la dette, alors que l'état des finances publiques des pays de la zone euro est scruté par les marchés, la perspective que deux Etats comme la France et la Belgique prennent un risque sur une banque à l'agonie n'est pas sans inquiéter.
D'autant que c'est la deuxième fois que Paris et Bruxelles volent au secours de Dexia.
"On est pris à la gorge", s'est inquiété l'ancien Premier ministre socialiste Laurent Fabius. "Le gouvernement français va sans doute intervenir, mais si on se met ça sur le dos, ça veut dire que notre triple A ne va pas être conforté".
"Excessif" et "inexact", a réagi le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer : l'intervention de la France en faveur de Dexia ne menace pas la note "AAA" du pays, la meilleure possible pour un Etat.
"Il n'y a pas d'incidence", avait déjà assuré M. Leterme côté belge mardi soir, interrogé sur le risque d'un alourdissement de la dette du royaume.
M. Baroin a expliqué que l'opération "n'alourdira pas la dette de l'Etat français" car Bruxelles n'intégre pas les garanties aux établissements financiers dans le calcul de la dette publique.
Décidé à rassurer, le Premier ministre français François Fillon a indiqué que les garanties seraient rémunérées.
"Personne ne peut dire aujourd'hui à l'avance que cette garantie coûtera au contribuable français, même si naturellement dans chaque opération de garantie, il y a un risque", a-t-il expliqué.
"Ce qui est sûr, c'est qu'il y aura des dizaines de milliards d'euros de garantie", a dit de son côté le ministre belge des Finances, Didier Reynders.
Du côté des agences de notation, on rappelait que la note de la France est toujours restée au plus haut, même lorsque le pays a accordé en 2008 des garanties massives à ses banques.
Pour Jérôme Cahuzac, le président PS de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, la France n'avait de toute façon pas le choix: "l'expérience de la faillite de Lehman Brothers nous a appris qu'on ne peut pas laisser tomber une banque faisant courir un risque systémique".
"Ce qui s'apprête à être proposé devrait régler la question du financement de Dexia", a-t-il déclaré à l'AFP. "Cela dit, il nous avait été dit que cette banque avait été sauvée en 2008 et force est de constater qu'en dépit du remarquable travail de Pierre Mariani (le patron de Dexia, ndlr) et de ses équipes, cela n'est en définitive pas le cas", a-t-il ajouté.
En plein débat européen sur la recapitalisation des banques européennes, le gouverneur de la Banque de France a écarté de son côté le risque que d'autres établissements français soient victimes de la même crise de liquidité que Dexia.
"Pour les banques françaises dont je m'occupe, elles sont très solides, je le redis. Franchement, je suis beaucoup moins inquiet pour les banques françaises que pour les banques américaines", a affirmé M. Noyer.
A la Bourse de Paris, le titre Dexia a gagné 1,29% à 1,02 euro, dans un marché qui a terminé en forte hausse de 4,33%.