La banque suisse UBS a surpris les marchés mardi en annonçant tabler sur un modeste bénéfice au troisième trimestre malgré la perte générée par la fraude d'un de ses traders, mais, pour les analystes, l'enjeu principal reste la restructuration de la banque.
"UBS devrait annoncer un léger bénéfice net attribuable aux actionnaires pour le troisième trimestre", a indiqué la banque dans un communiqué.
L'établissement zurichois avait auparavant estimé qu'il allait subir une perte entre juillet et septembre en raison de la fraude d'un trader de l'établissement à Londres, qui lui a coûté 2,3 milliards de dollars (1,7 milliard d'euros).
A cette perte s'ajoutent 400 millions de francs suisses de charges résultant du programme de réduction des coûts annoncé précédemment.
Leur impact sera néanmoins partiellement gommé par plusieurs éléments exceptionnels, dont un gain de 1,5 milliard de francs suisses (1,2 milliard d'euros) sur les propres crédits et un profit supplémentaire de 700 millions de francs suisses résultant d'une plus-value sur la vente de placements de trésorerie.
Au final, UBS devrait dégager un profit net d'environ 1,4 milliard de francs suisses, contre une perte de 500 millions, a estimé Peter Thorne, analyste à Helvea.
Malgré la fraude en septembre, "la position de fonds propres d?UBS demeure solide", mais le ratio de fonds propres durs "Tier 1" devrait "légèrement diminuer" par rapport au deuxième trimestre à cause de la perte subie par le trader.
L'afflux d'argent frais, qui mesure la confiance des clients dans l'établissement, devrait se poursuivre à "des niveaux comparables à ceux du trimestre précédent" dans la gestion de fortune, le coeur de métier du groupe, tandis que la gestion d'actifs devrait subir des retraits.
La banque avait divulgué le 15 septembre une perte de 2,3 milliards de dollars à la suite d'"opérations non autorisées" d'un de ses traders.
Un courtier de 31 ans, Kweku Adoboli, soupçonné de transactions frauduleuses au sein d'UBS a été inculpé et placé en détention à Londres, dans le cadre de cette affaire.
Cette affaire a coûté au directeur général d'UBS, Oswald Grübel, son poste: il a démissionné le 24 septembre et a été remplacé de façon intérimaire par le Suisse Sergio Ermotti.
Depuis, la bataille pour le remplacement du charismatique Oswald Grübel fait rage.
Le groupe s'est dit "engagé à répondre rapidement" aux résultats de l'enquête sur l'origine de la fraude et à "prendre les mesures nécessaires", notamment des actions disciplinaires, selon le directeur financier Tom Naratil.
Pour les analystes, l'annonce d'un bénéfice a été positive. Mais ils ont les yeux fixés sur la journée des investisseurs du 17 novembre, où le groupe devrait annoncer la restructuration de sa division banque d'affaires, qui a subi de lourdes pertes durant la crise américaine du subprime et où travaillait le trader à l'origine de la fraude.
Cette unité est critiquée par les analystes pour être trop gourmande en capitaux et insuffisamment rentable, entraînant vers le bas l'ensemble du groupe qui ferait mieux de s'en séparer pour protéger l'activité principale dans la gestion de fortune.
Mais M. Naratil a souligné, lors d'une conférence aux analystes, que la banque d'affaires continuait d'être "un partenaire essentiel" pour l'établissement qui veut cependant "réduire les risques et la complexité" de cette unité.
A la Bourse suisse, UBS évoluait dans le rouge, l'action perdant 0,69% à 10,02 francs suisses, dans un marché en baisse de 1,32% à 11H36 GMT.