Pôle emploi ne prévoit pas d'embellie sur le front du chômage et table, au mieux, sur une stabilisation du nombre des demandeurs d'emploi en 2011 et 2012 et, au pire, une aggravation si la croissance s'avérait inférieure aux prévisions du gouvernement.
"La décélération des créations d?emploi combinée au dynamisme de la population active ne devrait pas permettre d?amorcer une baisse du chômage", souligne Pôle emploi dans ses perspectives économiques publiées mardi.
Pour 2011, l'agence prévoit une hausse du nombre de demandeurs d?emplois sans aucune activité de 5.000 et de 78.000 en incluant les personnes ayant exercé une activité réduite. Ces pronostics sont basés sur une hypothèse de croissance de 1,75%, formulée par le gouvernement.
L'an prochain, "le chômage amorcerait une légère baisse", si la croissance se maintenait à 1,7% (hypothèse du gouvernement), avec une baisse du nombre des demandeurs d'emploi sans activité de l?ordre de 5.000 et de 12.000 en intégrant les personnes avec activité réduite.
En revanche, "si la croissance ralentissait en 2012, le chômage poursuivrait sa progression", estime Pôle emploi. Sur la base d'une hypothèse de croissance de 1,4% (celle du FMI), le nombre de demandeurs d'emploi sans activité croîtrait de l?ordre de 27.000.
La perspective d'une "stabilisation du chômage nous semble raisonnable, sauf accident majeur" d'ici la fin de l'année, a souligné lors d'un point de presse Christian Charpy, directeur général de Pôle emploi.
Mais, "le chômage n'atteindra pas le niveau qui était le sien avant l'entrée en récession début 2008", a relevé Bernard Ernst, directeur des études de Pôle emploi qui a rappelé que lors des précédentes crises de 1974 et de 1992 le chômage avait retrouvé "assez rapidement" son niveau d'avant-crise.
Ces prévisions sont plus optimistes que celles de l'Unédic (assurance chômage) qui, en se basant sur une croissance en 2012 de 1,2% (consensus des économistes), a prévu une hausse du nombre des chômeurs sans activité de 36.700 cette année et de 55.500 l'an prochain.
"A ce stade, une prévision de 1,2% en 2012 paraît exagérément pessimiste", a estimé M. Charpy.
Pôle emploi prévoit, en outre, 130.000 créations nettes d'emplois cette année par les entreprises affiliées à l'assurance chômage, mais la dynamique est à la baisse (44.000 au second semestre, contre 96.000 au premier).
En 2012, les créations d'emploi devraient rester du même ordre (126.000) si la croissance se maintenait à 1,7% mais atteindraient seulement 101.000 avec une croissance ralentie à 1,4%. Ces emplois nouveaux ne semblent pas suffisants pour résorber le chômage puisqu'ils sont inférieurs à la hausse de la population active estimée à 140.000 ou 150.000 par an.
Selon Bernard Ernst, la population active a pu croître plus que prévu après l'annonce par l'Insee à la mi-mai d'une croissance forte au premier trimestre (0,9%). La perspective d'une embellie de la conjoncture a amené sur le marché du travail des personnes (jeunes, femmes etc) qui n'y étaient pas auparavant ce que révèlent la hausse des inscriptions dans les listes de Pôle emploi des "premiers entrants" et des personnes s'inscrivant pour une "reprise d'activité", selon lui.
"Les inscriptions à Pôle emploi ne sont pas indépendantes de la conjoncture" a souligné M. Charpy.