L'avenir de Dexia alimentait les spéculations lundi soir dans l'attente de l'issue d'un conseil d'administration extraordinaire de la banque franco-belge, corrigée en Bourse après la sonnette d'alarme tirée par l'agence Moody's sur sa situation.
Une réunion extraordinaire du conseil d'administration de la banque franco-belge Dexia était en cours lundi en fin d'après-midi à Bruxelles, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier, confirmant une information du quotidien flamand De Tijd.
De sources concordantes, des discussions sont en cours depuis plusieurs semaines sur une possible cession par Dexia de son activité de financement des collectivités locales françaises, scénario que la direction de l'établissement a toutefois écarté publiquement.
Les ministres des Finances belge et français devaient s'entretenir lundi de la situation de Dexia en marge d'une réunion de l'Eurogroupe à Luxembourg.
"On suit la situation au jour le jour", a déclaré le ministre belge Didier Reynders à son arrivée à la réunion, assurant que quoi qu'il arrive, les épargnants seraient couverts. "Les gouvernements français et belge sont derrière leurs banques, que ce soit Dexia ou une autre", a-t-il ajouté.
L'agence de notation financière Moody's a annoncé lundi qu'elle envisageait d'abaisser la note de Dexia, en raison de ses craintes grandissantes sur la liquidité de l'établissement, dans un ENVIRONNEMENT de marché très difficile en pleine tourmente pour les banques françaises.
Cet avertissement a fait plonger le titre du groupe, qui a abandonné 10,13% à 1,30 euro à la Bourse de Paris. La capitalisation boursière de Dexia est désormais tombée à 2,5 milliards d'euros.
Depuis plusieurs semaines, il est devenu quasiment impossible pour les grandes banques européennes de se financer à moyen ou long terme en empruntant sur les marchés. Une situation qui devrait "entraîner Dexia à recourir un peu plus au financement à court terme, ce qui va probablement déboucher sur une compression de ses réserves de liquidités disponibles", selon Moody's.
Sa consoeur Fitch Ratings avait déjà évoqué la semaine dernière les "faiblesses structurelles" de Dexia et estimé que, "si les dysfonctionnements des marchés financiers persistent, la réduction du bilan et l'accès au financement deviendront plus difficiles".
Depuis début 2010, la banque s'est engagée dans une restructuration très lourde, imposée par Bruxelles en contrepartie de l'aide reçue fin 2008.
Elle prévoit notamment une réduction de la taille du bilan de 35% d'ici 2014 et un rééquilibrage de son financement à la faveur de ressources plus longues. En deux ans et demi, la banque a fait passer ses besoins de liquidité à court terme de 240 milliards d'euros à 96 milliards.
Une des solutions pour rééquilibrer le bilan pourrait être la cession des activités de financement des collectivités locales françaises.
Le schéma en discussions, de source proche du dossier, prévoit la cession du portefeuille de crédits aux collectivités à la Caisse des dépôts (CDC) et la reprise de l'activité de prêts en elle-même par la Banque Postale.
La semaine dernière, le président du conseil d'administration, Jean-Luc Dehaene, avait démenti l'existence d'un projet de scission du groupe. Deux jours plus tôt, l'administrateur délégué, Pierre Mariani, avait exclu une sortie du métier de financement des collectivités.
Pour Christophe Nijdam, analyste chez AlphaValue, un tel retrait "pourrait être interprété comme un signe positif" par les agences de notation.
Le financement des collectivités requiert, par nature, des prêts à très long terme, sans que les banques ne bénéficient, en contrepartie, des dépôts, car la trésorerie des collectivités est centralisée au Trésor.