La Bourse de New York, malmenée par les incertitudes liées à la crise de la dette européenne et au ralentissement mondial, espère que la semaine prochaine apportera des réponses décisives sur l'état de l'économie américaine, avec notamment les chiffres de l'emploi.
Le mois de septembre qui s'achève a été "particulièrement mauvais" à Wall Street, résume Evariste Lefeuvre, économiste chez Natixis. Le Dow Jones a dévissé de 5,59% et le Nasdaq de 6,24%, entre crainte de faillite de la Grèce et sombres perspectives en Europe et en Amérique du Nord.
Mais convaincus de l'imminence d'une action déterminante des dirigeants européens, la place new-yorkaise avait entamé la semaine en trombe. Avant de douter face à de nouveaux indicateurs économiques chinois moins bons qu'espérés et à la complexité du processus européen.
"Les investisseurs ont été ballottés dans toutes les directions par les cours des actions (soumises) à une forte volatilité par des rumeurs ou des informations à propos de la situation en Europe", a résumé Frederic Dickson, de DA Davidson.
En particulier, les marchés ont été sensibles aux tractations entourant le renforcement du Fonds européen de stabilité financière (FESF), destiné à venir en aide à un pays de la zone euro en difficulté.
La version musclée du FESF, approuvée notamment jeudi par le parlement allemand, a été vue par les investisseurs comme un bon rempart contre une contagion de la crise de la dette, avant que ces derniers ne réalisent que son financement élargi ne permettrait pas de sauver un "grand" pays tel l'Espagne ou l'Italie.
C'est finalement des Etats-Unis que les investisseurs ont eu des nouvelles rassurantes: un recul des demandes hebdomadaires d'allocations chômage jeudi, et vendredi l'annonce d'une accélération surprise de l'activité dans la région de Chicago et une révision de la confiance des ménages.
C'était toutefois insuffisant pour stimuler Wall Street, qui conclut son pire trimestre depuis début 2009 (-12% pour le Dow Jones) par une nouvelle semaine mitigée. L'indice phare Dow Jones a pris 1,32% à 10.913,38 points. Le Nasdaq, à dominante technologique, a abandonné 2,73% à 2.415,40 points et l'indice élargi Standard & Poor's 500 a reculé de 0,44% à 1.131,42 points.
"Quelques indicateurs montrent que la situation se serait légèrement améliorée en septembre, ce qui est une bonne nouvelle", commente Lindsey Piegza, analyste chez FTN Financial.
"Maintenant, on est à la croisée des chemins: va-t-on voir ce mouvement d'amélioration se poursuivre ou au contraire va-t-on voir la détérioration se poursuivre?", poursuit-elle.
Selon Evariste Lefeuvre, l'évolution des indices boursiers de Wall Street depuis deux mois montre que "les marchés américains hésitent encore. Ils hésitent à croire à la récession ou à la contagion du risque européen".
Selon lui, les statistiques publiées la semaine prochaine aux Etats-Unis devraient fournir aux courtiers les éléments de réponse qui leur font défaut.
Les courtiers dissèqueront en particulier lundi l'indice ISM de l'activité manufacturière aux Etats-Unis en septembre et l'indice ISM des services, mercredi. Les statistiques mensuelles de l'emploi, publiées vendredi seront véritablement le point d'orgue de cette semaine.
Des bons chiffres "pourraient fournir un certain soutien à une tendance en hausse", note M. Lefeuvre, tout en mettant en garde contre des conclusions hâtives, étant donné l'extrême fébrilité des marchés.