Nokia, numéro un mondial des téléphones mobiles, a annoncé jeudi la suppression de 3.500 emplois supplémentaires d'ici 2013, dans le cadre d'une vaste restructuration qui prévoyait déjà plusieurs milliers de suppressions d'emplois et d'externalisations.
"Nokia prévoit de fermer ses activités à Cluj, en Roumanie, d'ici la fin 2011 (...) et prévoit de fermer (ses implantations et activités commerciales) à Bonn, en Allemagne et à Malvern, aux Etats-Unis", d'ici la fin de l'année prochaine, a annoncé le groupe dans un communiqué.
En Roumanie, salariés de Nokia et autorités étaient sous le choc.
"Nous sommes très mécontents, nous ne nous attendions pas à cette annonce et les syndicats ont accepté la décision sans broncher", a déclaré à l'AFP l'un des 1.900 salariés du site, qui a souhaité garder l'anonymat.
"Le départ de Nokia prive le budget local de revenus de plusieurs millions de lei (entre 1 et 2 millions d'euros) par an, provenant de taxes et d'impôts", a regretté le maire de Jucu où est l'usine Nokia près de Cluj, Dorel Pojar.
Ces nouvelles coupes dans les effectifs s'ajoutent aux 4.000 suppressions d'emplois et aux 3.000 externalisations de postes vers des sous-traitants, déjà annoncées en avril dernier dans le cadre d'un vaste programme de restructuration.
Fin décembre 2010, avant l'annonce de cette restructuration, Nokia employait environ 60.000 personnes dans le monde, sans compter les salariés des filiales Nokia Siemens Networks et NAVTEQ.
Jeudi, Nokia a reconnu envisager également d'annoncer de nouvelles suppressions d'emplois en 2012. Le finlandais va en effet réexaminer le rôle à long terme de trois de ses usines: Salo en Finlande, Komarom en Hongrie et Reynosa au Mexique. Les impacts possibles de ces mesures sur l'emploi seront connus l'an prochain.
Le directeur général de Nokia Stephen Elop a expliqué être obligé de "prendre des mesures douloureuses, mais nécessaires, pour ajuster les effectifs et les activités avec ce qui nous attend".
L'annonce de jeudi pourrait indiquer que Nokia envisage de déplacer sa production en Asie, selon l'analyste de la banque Pohjola, Hannu Rauhala.
"Si vous réfléchissez à l'emplacement des marchés, ceux qui se développent sont en Asie et il est logique de fabriquer un produit non loin du consommateur", a-t-il dit à l'AFP.
En février, M. Elop a annoncé un grand plan de restructuration qui prévoit notamment l'abandon du système d'exploitation Symbian pour les smartphones en faveur de celui de Microsoft, ainsi que la fermeture de plusieurs usines dans le monde, et des réorganisations de sites de production et de la direction.
Il avait alors reconnu que ce plan provoquerait 4.000 suppressions d'emplois, mais avait assuré que le groupe n'avait pas l'intention d'en supprimer d'autres. "C'est le plan dans sa globalité autant que l'on puisse se projeter dans l'avenir", avait-il affirmé.
Ce revirement cinq mois plus tard démontre simplement la vitesse à laquelle le marché évolue, selon M. Rauhala.
"Bon nombre des facteurs (ayant motivé la décision de jeudi) étaient déjà présents depuis un moment, mais il faut du temps pour que les choses prennent forme", a-t-il expliqué en soulignant que Nokia opérait dans un domaine très évolutif.
La nouvelle stratégie de Nokia vise à faire cesser la chute de sa part de marché face aux concurrents Blackberry (RIM), iPhone (Apple) et autres mobiles utilisant Android.
Ancien numéro un mondial indiscutable des téléphones mobiles, Nokia a perdu beaucoup de terrain face à ses concurrents et ne représentait que 23% de part de marché au deuxième trimestre 2011, selon les analystes, contre un pic à 40% durant le premier semestre 2008.