Un homme présenté comme trader à Londres a provoqué mardi un buzz sur internet en affirmant qu'il "rêvait" toutes les nuits d'une récession, des propos qui ont suscité l'indignation mais aussi des interrogations sur l'identité du jeune individu.
L'interview d'Alessio Rastani, lundi à la télévision BBC, a été visionnée par plus de 360.000 personnes sur internet, mais ses propos correspondent tellement aux stéréotypes des traders que des rumeurs circulaient sur la possibilité qu'il s'agisse d'une supercherie.
"J'ai une confession à faire: je vais au lit tous les soirs, et je rêve d'une autre récession (...). Personnellement, j'ai rêvé de ce moment depuis trois ans", a déclaré Alessio Rastani sans ambages.
Interrogé sur la réponse des dirigeants à la crise de l'euro, le jeune homme de 34 ans a déclaré que les traders "se foutent" de l'euro. "La plupart des traders se fichent de savoir comment (...) la situation va être résolue. Notre boulot, c'est de faire de l'argent", a-t-il affirmé.
"Les gouvernements ne dirigent pas le monde. Goldman Sachs (banque d'affaires américaine) dirige le monde. Goldman Sachs s'en fiche de ce plan de sauvetage, tout comme les importants fonds spéculatifs", a-t-il assuré.
Les commentaires de M. Rastani, présenté comme un trader indépendant par BBC, ont provoqué de nombreuses réactions.
"Cela me semble immoral et amoral", a réagi la ministre espagnole des Finances, Elena Salgado. "Le trader qui a soulevé le couvercle sur ce que la City pense vraiment", a titré The Independent.
Certains médias ont avancé que M. Rastani pourrait être un membre de Yes Men, un groupe basé aux Etats-Unis qui avait reconnu sa responsabilité dans une info bidon reprise par la BBC en 2004, selon laquelle la société Dow Chemical allait indemniser les victimes du désastre de Bhopal en Inde en 1984.
Mais Yes Men a démenti être cette fois impliqué, et dans une interview mardi au magazine financier Forbes, M. Rastani a insisté sur le fait qu'il était un trader travaillant à son compte.
La BBC a aussi assuré avoir mené une "enquête détaillée" sur le jeune homme et n'avoir pas rien trouvé laissant penser qu'il n'était pas trader.
Goldman Sachs, citée par M. Rastani, s'est refusée à tout commentaire.