La chancelière allemande Angela Merkel s'est dite confiante d'obtenir jeudi le feu vert du Bundestag sur l'élargissement du fonds européen FESF grâce aux voix de sa majorité (conservateurs/libéraux), lors d'une interview télévisée dimanche soir.
"Je voudrais ma propre majorité, et je suis confiante de l'avoir, je vais partir en campagne en ce sens cette semaine", a dit la chancelière, interrogée par un présentateur vedette de divertissement sur la chaîne de télévision publique ARD.
Ces derniers mois, plusieurs voix dissonantes se sont faites entendre au sein de son parti conservateur (CDU/CSU) et chez ses partenaires libéraux (FDP), attisant les spéculations sur une chute du gouvernement sur le sujet.
L'issue du vote du 29 septembre sur l'élargissement de l'enveloppe et des compétences du fonds, mis en place au printemps dernier pour venir en aide aux pays de la zone euro en difficulté, ne fait pas de doute. Deux des trois partis d'opposition ont promis d'apporter leurs voix au projet, lui garantissant une majorité confortable.
En revanche, Mme Merkel n'est pas assurée de faire le plein de voix de sa coalition, ni que les voix de son camp --qui compte 20 députés de plus que l'opposition dans l'assemblée de 620 membres-- suffiront, à elles seules, à entériner la loi.
Au sein du FDP surtout la résistance au mécanisme d'aide, qui verra la part de l'Allemagne dans les garanties consenties par le fonds passer à 211 milliards d'euros, est forte.
Le nombre de députés rebelles a un temps été estimé à 30 à 40, mais ce nombre devrait avoir diminué après des aménagements au projet de loi, qui prévoit dorénavant une plus grande implication du parlement dans les décisions d'utilisation du FESF.
Le vote du Bundestag sera scruté avec attention, sur la scène politique nationale et internationale.
Une adoption de l'élargissement du FESF avec les voix de l'opposition serait de mauvais augure pour la suite des événements, à savoir le vote sur le mécanisme permanent MES censé succéder au FESF à partir de mi-2013. Elle risquerait de mettre en péril l'avenir de la coalition avec le FDP, dont la popularité est en berne.
Dans un exercice de pédagogie de près d'une heure, la chancelière a redit aux Allemands que l'aide consentie aux partenaires européens était dans l'intérêt de l'Allemagne. "Chaque Etat fait cela dans son intérêt propre parce que la stabilité de la monnaie est en jeu", a-t-elle dit.
Elle a catégoriquement exclu une sortie de la Grèce de la zone euro, de même qu'un retour au Deutschmark, qui aurait pour conséquence que "nous ne pourrions plus exporter nos belles marchandises".
Un défaut partiel de la Grèce doit également être évité à tout prix, a-t-elle dit. "Nous ne pouvons pas anéantir la confiance des investisseurs au milieu du chemin, sinon plus personne n'investira jamais son argent en Europe, nulle part", a justifié la chancelière, dont le propre ministre de l'Economie, le libéral Philipp Rösler, avait pourtant embrasé les marchés en évoquant une faillite ordonnée d'Athènes.
"Je peux dire aux gens que nous avons confiance dans l'euro", a-t-elle asséné, reconnaissant toutefois que la crise de la monnaie unique mettait son gouvernement dans "une situation très très compliquée".