La Commission européenne a milité lundi en faveur d'un renforcement des outils et moyens du Fonds de secours de la zone euro pour stopper la contagion de la crise de la dette, même si le sujet ne fait pas l'unanimité au sein des gouvernements qui auront le dernier mot.
"Nous réfléchissons à la possibilité de doter le FESF (Facilité européenne de stabilité financière) d'un effet de levier plus important pour lui conférer plus de force", a déclaré la commissaire aux Affaires économiques, Olli Rehn, dans un entretien paru lundi dans le quotidien allemand Die Welt, après les réunions du FMI et du G20 de Washington.
Le FESF, créé au printemps 2010 pour venir en aide aux pays de la zone euro en difficulté, a déjà vu son enveloppe portée à une capacité de garanties de prêts de 440 milliards d'euros.
Et, le 21 juillet, ses attributions ont été élargies, notamment à la possibilité de racheter de la dette publique d'Etats en difficulté sur le marché dit "secondaire", où elle s'échange entre investisseurs, ou d'aider les banques.
Ces décisions sont en train d'être ratifiées par les différents pays de la zone euro.
Mais la crise de la dette s'est encore aggravée durant l'été. Elle n'est plus limitée aux pays dits "périphériques" de l'Union monétaire comme la Grèce, le Portugal ou l'Irlande.
L'Italie se retrouve dans l'oeil du cyclone, l'Espagne est en situation délicate et même la France n'est pas épargnée avec des turbulences dans son secteur bancaire.
Cette situation rend nécessaire un FESF aux reins encore plus solides, aux yeux de nombreux responsables européens.
Le sujet "a fait l'objet de nombreuses discussions" à Washington pendant les réunions du Fonds monétaire international et du G20, a précisé lundi le porte-parole de M. Rehn, Amadeu Altafaj, lors d'une conférence de presse.
Il a qualifié de "spéculations prématurées" des rumeurs de presse faisant état d'un projet de quadruplement de la capacité de prêt du FESF à 2.000 milliards d'euros.
Dans le même temps, il n'a pas caché que la Commission souhaitait voir ce Fonds de secours renforcé.
"L'augmentation des moyens fait partie des discussions", a dit le porte-parole.
"Des solutions techniques existent pour tous ces défis, des capacités financières existent en Europe pour faire face à ces défis-là, c'est essentiellement une question de volonté politique d'y faire face", a-t-il ajouté, appelant à faire "preuve de créativité" et renvoyant ainsi la balle dans le camp des gouvernements rétifs.
Parmi les idées évoquées pour augmenter "l'effet de levier" du fonds de secours, figure un modèle promu auprès de la zone euro par les Etats-Unis qui l'ont utilisé lors de la crise financière de 2008 consécutive à la faillite de la banque Lehman Brothers.
Cela consisterait à accorder au FESF une licence de banque traditionnelle. Il pourrait de ce fait emprunter de l'argent frais auprès de la Banque centrale européenne pour pouvoir ensuite aider des pays en difficulté. En garantie pour ces emprunts, il fournirait de la dette publique de ces pays fragiles rachetés sur le marché obligataire dit "secondaire".
Cette idée se heurte pour l'heure, selon des diplomates, aux fortes réserves de plusieurs pays, l'Allemagne notamment, car elle reviendrait à transformer la BCE en "bad bank", ou structure de défaisance pour obligations dépréciées. D'autre part cela serait un pas vers "l'européisation" des pertes des Etats et donc les euro-obligations. Ce dont ne veut pas Berlin.
Pour l'heure, l'Allemagne comme la France insistent pour s'en tenir à la seule mise en oeuvre des décisions du 21 juillet.