Le numéro un mondial de la sidérurgie ArcelorMittal a confirmé vendredi ses prévisions pour le reste de l'année, malgré les incertitudes de la conjoncture, au prix d'une concentration de sa production sur ses usines les plus compétitives.
Comme prévu fin juillet, avant le début de la crise boursière, le résultat brut d'exploitation (Ebitda) devrait atteindre au troisième trimestre entre 2,4 et 2,8 milliards de dollars. Sur l'ensemble du second semestre, il devrait dépasser celui dégagé lors de la période correspondante de 2010, qui était de 4 milliards de dollars.
"Notre stratégie transcende les incertitudes qui pèsent à court terme sur le marché", a déclaré le PDG Lakshmi Mittal, à l'occasion d'une journée investisseurs à Londres.
Le géant de l'acier a soulevé des inquiétudes quant à l'évolution de son activité sur le reste de l'année, en décidant de mettre en veille plusieurs hauts-fourneaux en Europe, notamment en France, Belgique, Allemagne et Luxembourg en raison d'un manque de commandes.
"Nous n'envisageons pas que certaines usines se remettent en marche dans une courte période", a indiqué Lakshmi Mittal, sans citer de sites particuliers.
En effet, ArcelorMittal a fait savoir qu'il allait mettre en oeuvre un "plan d'optimisation des actifs d'un milliard de dollars" d'ici fin 2012 en "maximisant la production sur les usines à plus bas coût". Ce plan s'ajoute à un premier programme de réduction de coûts de 1,2 milliard de dollars.
Ce plan "se concentre principalement sur l'Europe", a indiqué Lakshmi Mittal, sans plus de précisions.
Il a expliqué que, sans modifier son volume de production ni perdre de parts de marché, le groupe comptait optimiser le fonctionnement des usines, dont les coûts de fonctionnement sont les plus bas, et à l'inverse mettre en veille celles dont les coûts sont les plus élevés.
Les deux hauts fourneaux de Florange, en Lorraine, ont notamment été mis en veille pour plusieurs mois. Mais la direction a assuré au gouvernement français que ces installations redémarreraient quand la demande remonterait et qu'il n'y aurait pas de licenciement.
A l'inverse, sur le site de Fos-sur-Mer considéré comme plus performant, un haut-fourneau doit prochainement rouvrir après rénovation. Le site de Dunkerque fonctionne aussi normalement.
Interrogé par des analystes financiers, Lakshmi Mittal a ainsi exclu des fermetures définitives de sites, estimant "les conditions sociales difficiles".
"Même si 2012 devait connaître une récession, notre Ebitda devrait être plus élevé qu'en 2009, principalement grâce à NOS réductions de coûts et à notre activité minière croissante" qui devrait générer plus de 1,1 milliard de dollars d'Ebitda en 2012, a assuré le directeur financier Aditya Mittal.
La dette nette doit par ailleurs être réduite à 22,5 milliards de dollars vers le milieu de l'année 2012. Elle pourrait "même rester en deça de ces prévisions".
A fin juin, sa dette, dont l'ampleur avait été source de faiblesse pendant la crise économique de 2009, était de 25 milliards.
Cherchant à rassurer la communauté financière, les dirigeants d'ArcelorMittal ont répété à plusieurs reprises que leur groupe était bien mieux armé pour faire face à une crise économique qu'il y a deux ans, notamment avec une situation financière assainie et une auto-suffisance renforcée en minerai de fer et en charbon, indispensables à la fabrication de l'acier.
Même si pour le moment la demande en acier ne montre pas de signe de détérioration, "nous sommes bien préparés pour tout scénario de récession", a assuré Lakshmi Mittal.
A la Bourse de Paris, l'action ArcelorMittal gagnait 0,27% à 11,25 euros, alors que le CAC 40 reculait de 0,23% vers 16H37 (14H37 GMT).