Une fois de plus, BNP Paribas est malmenée dans un marché parisien très dégradé. Le titre recule ainsi de 5,46% à 23,10 euros. Les investisseurs s'inquiètent des rumeurs insistantes sur l'insuffisance des fonds propres de la banque française, faisant fi des démentis de la direction. Dernière rumeur en date : le Qatar serait en discussions avec la direction du groupe en vue d'une possible prise de participation, rapporte ce matin le "Financial Times".
Selon le quotidien britannique, de hauts responsables de BNP Paribas s'apprêteraient à partir en tournée au Proche-Orient pour lever jusqu'à 2 milliards d'euros. L'établissement a réagi en affirmant que le groupe atteindrait les ratios prudentiels de Bâle III sans injection de fonds propres.
« A propos du Qatar, BNP Paribas rappelle qu'il sera en mesure d'atteindre dès janvier 2013, c'est-à-dire six ans avant l'échéance de 2019, le ratio core Tier One de 9% dans le cadre des règles de Bâle III sans augmentation de capital », a déclaré un porte-parole. « BNP Paribas conduit naturellement des road shows comme chaque année pour présenter la société et promouvoir son action auprès des investisseurs du monde entier », a-t-il ajouté.
Selon une autre rumeur, parue également dans le Financial Times, BNP paribas aurait demandé aux régulateurs des stress tests d'urgence pour identifier d'éventuelles faiblesses dans le système bancaire français. Là encore, la banque a aussitôt démenti, évoquant une « pure fantaisie » de la part du quotidien financier.
Dans une interview publiée aujourd'hui dans Les Echos, Baudouin Prot, le directeur général de BNP Paribas, affiche d'ailleurs sa sérénité. « La banque travaille normalement. Elle ne connaît pas d'autre difficulté que son cours de bourse », a-t-il déclaré.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- BNP Paribas est devenue une véritable banque européenne depuis le rachat de Fortis et la première banque de dépôt du continent. Avec deux marchés domestiques en plus, le groupe a 540 milliards d'euros de dépôts, soit la base la plus importante de la zone euro. Il devient aussi numéro 1 en banque privée et numéro 4 en gestion d'actifs pour la zone euro ;
- Ce leadership lui permet de bénéficier d'une situation de liquidité favorable et d'être peu dépendant du marché interbancaire ;
- BNP Paribas fait partie des groupes bancaires de taille mondiale qui ont le mieux traversé la crise ;
- Le modèle économique de BNP Paribas repose sur un juste équilibre entre banque de détail, banque d'investissement et gestion d'actifs ;
- Anticipant le nouveau cadre réglementaire « Bâle III », le groupe a pris soin d'augmenter ses fonds propres, afin d'éviter notamment une augmentation de capital ;
- Le groupe redistribue environ un tiers de ses résultats en dividende.
Les points faibles de la valeur
- Bien que sortie renforcée de la crise, par comparaison aux autres acteurs du secteur, le titre de la banque est très volatil en Bourse à l'image de l'ensemble du secteur financier depuis 2008 ;
- Les inquiétudes sur le secteur sont persistantes. Même si les règles annoncées par le Comité « Bâle III » mi-septembre 2010 ont soulagé, avec des ratios prudentiels dans le bas de la fourchette des attentes, les marchés s'interrogent sur la validité des « stress tests » (tests de résistance) menés en Europe. Certains estiment qu'ils minimisent le risque pris par certaines institutions ;
- Les inquiétudes sur la dette souveraine des Etats périphériques de la zone euro, Grèce en tête, pèsent également sur la valeur ;
-La banque ne souhaite pas modifier son « mix business » en faveur des pays émergents.
=/Comment suivre la valeur/=
- Le retour sur fonds propres (ROE), qui mesure la rentabilité des banques, est l'un des ratios clé du secteur ;
- En tant que valeur financière le titre est influencé par une série d'éléments : (i) les taux d'intérêt dont l'évolution dépend des politiques monétaires (notamment des banques centrales européenne et américaine), (ii) l'état des Bourses mondiales qui influencera ses activités de banque de financement et d'investissement et de gestion d'actifs, (iii) les niveaux de consommation et d'épargne des ménages qui auront un impact sur les performances de la banque de détail ;
- Le coût du risque reste à surveiller ;
- Surveiller également la mise en place du dispositif «de Bâle III» qui oblige les banques à augmenter leurs fonds propres pour résister aux crises. Le Comité exige que les établissements financiers affichent d'ici au 1er janvier 2019 un ratio de solvabilité Tier 1 (le noyau dur des capitaux propres des institutions financières) d'au moins 4,5%, contre 2% jusque-là. Un matelas supplémentaire de 2,5% est également exigé. Ce qui porte le pourcentage total à 7%.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Banques
Deux changements importants vont avoir un impact sur l'avenir des banques françaises. Premièrement, elles vont être soumises à une nouvelle taxe dès l'année prochaine. La taxe bancaire, qui s'appliquera à une vingtaine de banques, établissements de crédit et entreprises d'investissement, abondera le budget de l'Etat à hauteur de 504 millions d'euros l'an prochain. A cela s'ajoutera une augmentation de la participation des établissements financiers au fonds de garantie des dépôts, à hauteur de 90 millions d'euros supplémentaires en 2011, 2012, puis 2013, soit 270 millions en tout. En 2013, les autorités estiment que plus de 1 milliard d'euros de recettes supplémentaires sera prélevé auprès des banques. De plus, de nouvelles normes prudentielles vont voir le jour avec la finalisation de l'accord Bâle III, applicable à l'HORIZON 2019. L'objectif est de relever de 2% à 7%, d'ici 2019, le ratio de solvabilité bancaire. Ce ratio rapporte les fonds propres d'un établissement à ses engagements dans l'économie. Plus il est élevé plus les prises de risques sont limitées.