Les voitures électriques et hybrides restent, malgré la conjoncture économique, au coeur des priorités du gouvernement qui a signé mardi avec les constructeurs une charte pour développer cette filière au moment où les premiers véhicules grand public français arrivent sur le marché.
Paraphée par le ministre de l'Industrie Eric Besson, les patrons de PSA Peugeot Citroën, Philippe Varin, de Renault, Carlos Ghosn, et Vincent Bolloré, le PDG du groupe du même nom qui est engagé dans le projet Autolib', cette charte "décline dix engagements" en faveur des véhicules électriques et hybrides.
Elle "montre une volonté unanime de favoriser une large diffusion de ces véhicules", a déclaré M. Besson en signant le document à l'issue d'une table ronde réunissant les acteurs de la filière.
Ces engagements portent sur "une offre de véhicules simple, accessible", a-t-il ajouté. Le gouvernement, qui a consenti plus d'un milliard d'euros en faveur de la filière, entend ainsi délivrer un "message de confiance" aux futurs utilisateurs de ces véhicules alors que nous sommes "au tout début de la vague qui va se développer".
En attendant, le marché de l'hybride et de l'électrique reste balbutiant. 6.011 voitures hybrides ont été immatriculées sur les six premiers mois de l'année, selon le CCFA (comité des constructeurs français d'automobiles), soit 0,49% du marché... Et 955 véhicules électriques ont été immatriculés sur la même période.
Pour soutenir davantage la filière, il a toutefois laissé entendre que le système de bonus écologique en faveur des véhicules électriques et hybrides pourrait être maintenu malgré la conjoncture économique et les restrictions budgétaires.
"Concernant les bonus 5.000 euros, 3.500 euros, 2.000 euros, nous demandons conjointement Nathalie Kosciusko-Morizet (ministre de l'Ecologie) et moi-même au Premier ministre (François Fillon) de tenir sur cette ligne", a-t-il déclaré.
"En vous disant que j'ai le sentiment d'être entendu et que je suis optimiste, je ne m'avance pas totalement à la légère mais je ne peux pas aller plus loin", a-t-il poursuivi. Ces bonus sont d'autant plus élevés que les véhicules sont entièrement électriques.
"J'ai bon espoir que le gouvernement, malgré les contraintes auxquelles il est confronté, va maintenir un bonus substantiel sur le véhicule électrique", a dit le patron de PSA Peugeot Citroën, Philippe Varin, dont le groupe va lancer le mois prochain sur le marché européen son premier modèle hybride diesel, la 3008 baptisée HYbrid4.
Mais, a-t-il ajouté, cette décision ne sera pas déterminante pour l'avenir de ces véhicules. "Nous sommes en développement sur une gamme de solution (qui) n'est pas dictée par la situation du bonus. Elle est dictée par les perspectives du marché à 10 ans", a-t-il expliqué.
Selon lui, le véhicule électrique représentera 5% du marché automobile mondial à un HORIZON de 10 ans tandis que l'hybride représentera 10 à 15%, le reste étant de la motorisation thermique "plus ou moins hybridée".
"Je pense que nous n'en avons pas encore vu tout le potentiel, mais ça va venir", a estimé le PDG de Renault Carlos Ghosn.
"A partir du moment où cette offre va venir adresser différents besoins (véhicules utilitaires, petites citadines voitures familiales) le public va pouvoir avoir sa propre expérience du véhicule électrique. C'est de là que viendra le développement" de ces véhicules, a-t-il expliqué.
Renault, qui a déjà investi 4 milliards d'euros dans le développement des véhicules électriques avec son partenaire japonais Nissan, va lancer à compter d'octobre ses premiers véhicules électriques sur le marché. Il table sur une part de 10% du marché automobile mondial pour les véhicules purement électriques à l'horizon 2020.