(AOF / Funds) - "Outre la montée des risques sur la zone euro liés aux dettes souveraines des pays périphériques, le marché redoute maintenant les effets indirects sur la croissance économique, à savoir une récession de part et d'autre de l'Atlantique compte tenu de la forte dégradation des enquêtes d'activité ces derniers mois et de l'emploi aux Etats-Unis", note Nordine Naam de Natixis.
"Une récession serait mal venue sachant que les marges de manoeuvre des pays en termes de policy mix (politique budgétaire et monétaire) sont limitées à la fois aux Etats-Unis et en zone euro et que le secteur bancaire, en particulier, européen est déjà très fragilisé par son exposition aux dettes des pays périphériques."
"Cela rendrait en effet plus problématique la réduction des déficits publics dans les pays les plus fragiles si la croissance dans les grands pays comme les Etats-Unis et l'Allemagne marque le pas significativement. Un tel ENVIRONNEMENT contribue à la hausse de l'aversion au risque et pèse lourdement sur les actifs risqués, et ce au profit des Treasuries américaine et des emprunts d'Etat allemand jouant les valeurs refuges."
"Dans ce contexte, les taux longs 10 ans ont testé le niveau de 2,0% en Allemagne et aux Etats-Unis et pourraient bien s'installer durablement en dessous de ce niveau de 2,0%, à l'instar de ce qui s'était passé au Japon après l'explosion de la bulle d'endettement en 1991. Les Etats-Unis semblent à leur tour en plein syndrome japonais."
"Pénalisé par un endettement privé et public important, la croissance américaine devrait être en effet durablement molle, ce qui devrait finir par tirer les prix à la consommation vers le bas à moyen terme. Cela devrait favoriser une politique monétaire durablement inchangée comme au Japon. A l'époque, la liquidité de la BoJ, offerte aux banques, était alors allée directement dans les JGBs contribuant à tirer les taux 10 ans en dessous de 2,0%."
"Comme la BoJ auparavant, la Fed et le BCE seront amenées à assouplir davantage leur politique monétaire afin d'éviter tout risque systémique. Aussi, il est possible que les taux longs 10 ans passent temporairement en dessous de 2% à la fois aux Etats-Unis et en zone euro sachant que l'aversion au risque restera importante d'ici la fin de l'année."
"La nouvelle réglementation (Bale 3) pourrait aussi contribuer à ce mouvement de détente des taux longs. Mais d'une manière générale, plus les taux courts resteront bas (jusqu'à mi 2013 pour le Fed Funds), plus les investisseurs rechercheront du rendement en remontant le courbe des taux sachant que les perspectives bénéficiaires des entreprises devraient se détériorer dans un environnement récessionniste."