La Bourse de Paris a franchi lundi à la baisse le seuil psychologique des 3.000 points, pour la première fois depuis deux ans, à l'issue d'une nouvelle débâcle (-4,73%) souffrant des incertitudes sur l'évolution de l'économie mondiale et de la crise de la dette en zone euro.
A la clôture, l'indice vedette a abandonné 148,99 points pour s'inscrire à 2.999,54 points, sous les 3.000 points pour la première fois depuis le 10 juillet 2009.
A Londres le marché a perdu 3,58% et à Francfort 5,28% ou la cote a atteint son plus bas depuis plus de deux ans. L'Eurostoxx 50 a cédé 5,11%.
"C'est la débandade, la chute libre. La confiance est aux tréfonds et personne ne fait quoi que ce soit pour rassurer", commentait Xavier de Villepion, vendeur d'actions chez Global Equities.
L'indice parisien est passé en cours d'après-midi sous les 3.000 points, cédant plus de 5%, avant de se redresser légèrement mais dans un climat de nervosité extrême. Il n'a toutefois pas réussi à se maintenir au-dessus de ce seuil et a de nouveau chuté en fin de séance.
Le volume d'échanges à Paris s'est élevé à 3,33 milliards, soit un montant relativement limité du fait de la fermeture de Wall Street pour cause de jour férié.
Dès son ouverture le marché parisien était mal orienté accusant toujours le coup du mauvais chiffre sur l'emploi américain publié vendredi et qui a renforcé les craintes d'une récession de la première économie mondiale.
A cela se sont ajoutés les doutes grandissants sur la situation en Europe et notamment sur celle de la Grèce et de l'Italie. La Grèce ne parvient pas à réduire son déficit ni à améliorer sa croissance comme prévu.
"Le deuxième plan daide à la Grèce est mort-né. La Grèce a déjà dérapé par rapport aux nouveaux objectifs de déficit", résume Bruno Cavalier, économiste chez Oddo Securities.
Quant à l'Italie elle souffre d'une crise de confiance et les doutes s'accumulent sur sa capacité à juguler son déficit. Le marché s'attend par ailleurs à une prochaine dégradation de la note de ce pays par les trois agences de notation, selon une analyse de la Société Générale.
"Les investisseurs n'ont aucune raison d'investir" actuellement dans les marchés actions a fait remarquer M. de Villepion.
"Nous sommes dans une dynamique de marché proche de celle de l'automne 2008" en pleine crise de confiance liée au subprimes, a indiqué Patrick Jacq, stratégiste obligataire à la BNP Paribas. "Tout le monde va dans le même sens et se réfugie vers les obligations à long terme allemandes", a-t-il souligné.
Pour ajouter à cette difficile situation, les banques ont été soumises à un faisceau de mauvaises nouvelles et ont accentué la baisse des indices.
Victimes de la crise de la dette elles ont en effet été affectées par une plainte déposée aux Etats-Unis pour des fraudes sur des crédits immobiliers à risque (subprime) et par les propos de la directrice générale du FMI Christine Lagarde qui a estimé que les établissements bancaires avaient besoin d'être recapitalisés. La Société Générale a dégringolé de 8,64% à 20,25 euros, signant la plus forte baisse du CAC 40. BNP Paribas a perdu 6,34% à 31,30 euros, Crédit Agricole (-5,51% à 5,84 euros) et Natixis (-5,68% à 2,55 euros).
Les valeurs dépendantes de la conjoncture étaient très chahutées à l'image des automobiles comme Peugeot (-7,08% à 18,45 euros), Renault (-6,44% à 24,77 euros).
Air France cédait 7,12% à 5,94 euros. Le groupe doit prendre de nouvelles mesures d'économies pour tenter d'assainir sa situation financière et reprendre la main face à la concurrence.
Aucune valeur du CAC 40 n'était dans le vert. Et parmi celles du sbf 120 seule Rhodia a terminé tout juste à l'équilibre (+0,06%).
Même le titre du fabricant de batteries Saft qui avait bondi dans la matinée après un accord trouvé avec l'équipementier américain Johnson Controls (JCI) perdait 0,37% en clôture à 21,74 euros.
Autre preuve de la crise de confiance sur le marché action: Foncière des Régions (FDR), a annoncé renoncer à poursuivre une opération de rapprochement avec une autre foncière à cause des "conditions de marché actuelles".