L'action Lagardère (- 9,96% à 21,43 euros) est sévèrement taclée à la Bourse de Paris et affiche l'une des deux plus fortes baisses de l'indice SBF 120. Le groupe de médias a lancé hier soir un avertissement sur ses résultats 2011 en raison de la contre-performance de sa division sport, Lagardere Unlimited. Jusqu'à présent, cette dernière diversification du groupe n'a jamais apporté les résultats espérés. Ce qui devrait renforcer le scepticisme des investisseurs à l'égard de cet axe de développement stratégique.
Lagardère anticipe désormais un résultat opérationnel courant (Résop) des médias en baisse de l'ordre de 5% à 7% à change constant par rapport à 2010. Il anticipait auparavant une croissance de l'ordre de 10%, mais cette prévision ne prenait pas en compte la cession des activités de Presse magazine à l'international. L'impact négatif de celle-ci estimé à 35 millions d'euros. En l'absence de la cession de la PMI, le Résop des médias aurait connu une croissance légèrement positive, a précisé le groupe.
Au premier semestre, le résultat opérationnel courant des médias a atteint 168 millions d'euros, en recul de 7,9%, soit 6,9% à taux de change constants. Le consensus Reuters s'élevait 178 millions d'euros. Le chiffre d'affaires du groupe a atteint 3,724 milliards d'euros, en baisse de 0,1% à données comparables.
Lagardère Unlimited a enregistré une baisse de son Résop de 9 à 4 millions d'euros, liée principalement à un litige avec les autorités du cricket en Inde, des contrats en perte et le non recouvrement de certaines créances. « Ce que nous avons observé, ce n'est pas un problème de stratégie, mais un problème d'exécution », s'est défendu Arnaud Lagardère, selon Reuters.
Deutsche Bank a réduit son objectif de cours de 35 euros à 27 euros après ce profit warning. L'analyste souligne l'importance du profit warning de la division sport. Il reconnaît que d'autres activités du groupe ont fait un peu mieux que prévu, mais, selon lui, tant que Lagardère Unlimited absorbe du capital pour un rendement minimum, il est difficile de justifier une recommandation positive. Il reste donc à Conserver.
AOF - EN SAVOIR PLUS
=/Les points forts de la valeur/=
- Le groupe bénéficie d'un portefeuille d'activités équilibré dans les médias, avec des activités cycliques (presse et audiovisuel), qui dépendent des revenus publicitaires, et des métiers contra-cycliques, tels que la distribution et les livres, qui résistent mieux en cas de retournement conjoncturel ;
- C'est le résultat du recentrage initié en 1998 qui rapproche Lagardère d'un pure player des médias, avec quatre branches d'activités détenues à 100%, à comparer au conglomérat sans synergies entre les différents métiers exercés à l'époque ;
- Le pôle Magazine International a finalement été cédé. Le cash issu de cette opération, ainsi que de l'introduction à venir de la participation dans Canal+, devrait être redistribué en partie aux actionnaires, probablement sous la forme d'un dividende exceptionnel ;
- Le groupe bénéficie d'une structure financière solide.
=/Les points faibles de la valeur/=
- Le statut de commandite par actions de la société empêche toute tentative d'OPA qui pourrait offrir un potentiel de valorisation au cours du titre ;
- La valeur subit encore une décote en Bourse, en raison du maintien de participations minoritaires dans plusieurs sociétés (Canal+, EADS, Marie Claire, Amaury, Le Monde...) ;
- L'activité défensive, Lagardère Publishing (Edition) pourrait, à moyen terme, subir une pression forte sur les prix, en raison du développement des livres électroniques ;
- De façon structurelle, les magazines perdent des parts de marché face aux autres médias et subissent une baisse de leurs recettes publicitaires ;
- La branche Sports ne tient pas les promesses de croissance espérées depuis sa création, en 2007. Elle est réorganisée avec pour objectif d'en faire le leader mondial du sport d'ici cinq ans. Les retombées restent lointaines.
Comment suivre la valeur
- La valeur ne fait plus partie du CAC 40 depuis septembre 2010 ;
- Lagardère est une valeur défensive grâce à trois métiers (livres, distribution, droits sportifs). Moins de 20% de son chiffre d'affaires est issu de la publicité ;
- L'activité Presse est tout de même sensible à la variation des revenus publicitaires mais aussi au cours du papier, qui constitue sa matière première de base ;
- La poursuite du recentrage, avec la cession des participations minoritaires, est une priorité. Cela permettra de réduire la décote en Bourse ;
- Les analystes estiment qu'il faudra attendre l'introduction en Bourse de la participation de 20% dans Canal+ pour que Lagardère retrouve une dynamique boursière. Initialement prévue en avril, cette opération a été reportée en raison de la volatilité des marchés suite à la catastrophe japonaise. Elle pourrait désormais intervenir à l'automne.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Communication - Medias
Les groupes avaient initialement choisi de ne pas faire payer leurs contenus en ligne, en misant sur les revenus publicitaires engendrés par l'audience. Ils revoient aujourd'hui leur position et mettent en place des systèmes de péage. Le britannique Times, appartenant au groupe News Corp., a choisi la formule du tout-payant sur le Web depuis le 1er juillet. Quant au New York Times, il introduira une formule payante début 2011. Il se dirige vers le freemium : une partie du contenu du site est gratuite tandis que l'autre est payante. En France, plusieurs quotidiens généralistes ont opté pour cette formule. En septembre 2009, Libération a rendu payants sur son site des articles de son quotidien papier. LeFigaro.fr a également introduit un système d'abonnement en février. LeMonde.fr, l'un des premiers à avoir facturé des contenus en 2002, réserve désormais les articles de son quotidien papier à la version payante de son site. Ces acteurs espèrent ainsi rentabiliser une audience qui s'établit à plusieurs millions de visiteurs uniques mensuels et éviter la cannibalisation des contenus des versions papier.