Le gouvernement a mis mercredi les bouchées doubles pour lancer dès maintenant certaines mesures de son plan de rigueur, tout en reconnaissant qu'elles ne suffiront pas à empêcher une aggravation du déficit de l'Etat.
En raison du ralentissement de la croissance, ce déficit s'élevera en effet cette année à 95,7 milliards d'euros, soit 3,4 milliards de plus que prévu, malgré le milliard d'euros que doivent rapporter à l'Etat les mesures 2011 du plan, a reconnu le ministère du Budget.
La ministre, Valérie Pécresse, a cependant affirmé que l'objectif d'un déficit public limité à 5,7% du PIB cette année serait tenu, grâce aux "améliorations attendues sur les comptes des autres secteurs des administrations publiques": collectivités locales et Sécurité sociale.
Devant la commission des Finances de l'Assemblée, le ministre de l'Economie, François Baroin, a expliqué que le plan de rigueur était "dicté par un souci d'équité fiscale" et empreint "d'un esprit de responsabilité et de lucidité", selon une source parlementaire. Il est "bien dosé", a renchéri à ses côtés Mme Pécresse.
Les députés, venus en nombre écouter les ministres, débattent d'une demi-douzaine de mesures applicables dès cette année, et rassemblées dans un collectif budgétaire qu'ils devraient voter, ainsi que les sénateurs, en séance la semaine prochaine.
Paradoxalement, c'est la disposition à l'impact financier le plus faible (90 millions d'euros en année pleine) qui a le plus retenu l'attention de beaucoup d'élus de la majorité: l'alourdissement de la TVA sur les parcs d'attraction à thème, de 5,5% à 19,6%.
Mme Pécresse a fait valoir que le taux réduit de 5,5% avait été décidé "en 1986 alors que le secteur était embryonnaire et le modèle économique incertain", selon une source parlementaire.
Hervé Novelli, député d'Indre-et-Loire et numéro 2 de l'UMP, a déposé un amendement pour supprimer cette mesure.
La mesure la plus critiquée par le PS, qui la juge "injuste" est la taxation accrue des contrats santé des mutuelles.
En revanche, les socialistes soulignent avoir déjà proposé dans le passé d'autres mesures du collectif: hausse des prélèvements sociaux sur les revenus du capital, limitation de la possibilité pour les entreprises de reporter fiscalement leurs déficits, suppression de l'abattement sur les plus values immobilières.
Cette dernière mesure fait débat dans la majorité. Le rapporteur général du budget, Gilles Carrez (UMP), a mis en garde: si la mesure est "intelligente", elle est "brutale" et "il ne faudrait pas bloquer le marché immobilier".
Charles de Courson (Nouveau Centre) craint lui "des fraudes" et préconise plutôt d'allonger la durée pendant laquelle les plus values peuvent être imposées", actuellement de 15 ans.
Plus largement, le débat a porté sur la stratégie financière face à la crise, sur fond de campagne présidentielle.
Dans les couloirs, François Hollande, candidat à la primaire socialiste, a reproché au plan gouvernemental budgétaire de n'être pas "courageux". Et d'accuser, dans le huis clos de la commission, le gouvernement de faire "a minima".
M. Baroin n'a pas manqué en retour d'interpeller le député de Corrèze sur la règle d'or d'équilibre des finances publiques que le PS ne veut pas voter.
Le président du Parti radical, Jean-Louis Borloo, a de son côté prévu de déposer une série d'amendements, notamment sur la taxation des transactions financières, a-t-il expliqué à la presse.