Le numéro un du pétrole russe Rosneft a signé mardi un accord avec le géant américain ExxonMobil pour explorer l'Arctique russe, quelques mois après le fiasco de son alliance avec le britannique BP, relançant ses objectifs d'expansion internationale.
Cet accord de partenariat stratégique a été signé à Sotchi, ville russe sur les bords de la Mer noire, par le PDG de Rosneft Edouard Khoudaïnatov et le président d'ExxonMobil Development, Neil Duffin, sous l'oeil bienveillant du Premier ministre russe Vladimir Poutine.
"De nouveaux horizons s'ouvrent. Une des principales compagnies au monde, ExxonMobil, va commencer à travailler sur le plateau russe et en eaux profondes", a déclaré M. Poutine, cité par les agences russes.
Le document prévoit qu'"environ 3,2 milliards de dollars vont être dépensés dans l'exploration" de blocs dans la mer de Kara (Arctique) et d'un bloc dans la mer Noire, "qui sont parmi les zones offshore les plus prometteuses et les moins explorées dans le monde", précisent les deux groupes dans un communiqué conjoint.
Il offre aussi la possibilité à Rosneft "de prendre une part dans une série de projets d'exploration d'ExxonMobil en Amérique du Nord, incluant les eaux profondes du Golfe du Mexique et les gisements pétroliers au Texas, ainsi que d'autres projets dans d'autres pays", ajoute le communiqué.
"L'échelle des investissements est énorme. Les investissements directs (...) peuvent s'établir entre 200 et 300 milliards" de dollars, a déclaré M. Poutine, cité par les agences.
Rosneft, édifié dans des circonstances controversées sur les ruines de son concurrent Ioukos, propriété de l'oligarque emprisonné Mikhaïl Khodorkovski, contrôle environ un cinquième de la production pétrolière russe et certaines des réserves de l'Arctique les plus convoitées au monde.
Et cette nouvelle alliance relance le groupe dans la course à l'expansion mondiale.
Il avait lié en début d'année son avenir à un accord avec le britannique BP, prévoyant un échange de participations pesant 16 milliards de dollars qui aurait aussi permis à la major occidentale d'exploiter les vastes gisements de l'Arctique.
Pour le russe, cette entente était la promesse d'obtenir les technologies occidentales pour exploiter les champs de l'Arctique, ainsi que de l'expérience étrangère pour assurer des livraisons fiables d'énergie à ses clients éloignés, deux éléments dont il manque cruellement.
Mais les protestations des partenaires russes de BP dans sa coentreprise en Russie, TNK-BP, s'estimant lésés par l'opération, ont eu raison de l'alliance, qui s'est effondrée en mai.
Rosneft a fini par tourner la page sur ce projet mais a indiqué à plusieurs reprises chercher d'autres partenaires étrangers. Le groupe avait notamment négocié avec l'anglo-néerlandais Shell.
"Cette alliance est le résultat de plusieurs années de coopération avec ExxonMobil et fait entrer Rosneft dans des projets majeurs mondiaux, transformant le groupe en un leader mondial de l'énergie", a déclaré Edouard Khoudaïnatov, cité dans le communiqué.
"Cet accord résulte de notre relation fructueuse de 15 ans sur le projet Sakhaline-1" dans l'Extrême-Orient russe, s'est félicité pour sa part Neil Duffin. L'américain participe depuis 1996 à Sakhaline-1 à hauteur de 30%, tandis que Rosneft en détient 20%.
Le titre Rosneft a grimpé de 3% sur le Micex, juste après l'annonce de l'accord, puis a fini la séance sur une hausse de 1,4%.